Nous avons tous un certain nombre d'opinions relatives à différentes choses. Nous avons notre avis sur un grand nombre de choses et nous tenons à ces avis.
Or, il se trouve que l'ensemble des philosophes, malgré leurs éventuels désaccords, sont d'accord pour n'accorder aucune valeur aux opinions, à ces avis que nous avons sur tout. L'opinion est méprisée par les philosophes, tandis que prisons nos opinions.
De leur côté, les philosophes prétendent qu'ils ne sont pas dans l'opinion, qu'ils tiennent un discours qui a de la valeur, qui n'est pas méprisable comme l'est l'opinion.
Or, à l'inverse, pour la conscience commune, pour l'homme de la rue, les doctrines philosophiques ne sont que des conjectures, des opinions de plus ou des opinions d'un genre spécial: fumeuses, contraires au bon sens, bizarres ou scandaleuses.
Le problème est donc pour nous de comprendre pourquoi il en est ainsi, pourquoi les philosophes n'estiment pas l'opinion et en quoi ils peuvent prétendre, malgré l'avis de l'homme de la rue, de la conscience populaire, que leurs discours ont plus de valeur.
Mais ce problème en pose un autre qui lui est lié : les philosophes ne sont pas les seuls à condamner l'opinion. La science aussi (et la théologie) condamnent tout autant et pour les mêmes raisons que la philosophie les discours de l'opinion et, tout comme elle, elles prétendent s'en distinguer.
Or, malgré cette condamnation commune, la conscience commune les distingue fortement, en valorisant la science et en tenant la philosophie pour une discipline étrange ou fumeuse.
Or aussi, la philosophie comme la science tiennent à ce qu'on les distingue, qu'on ne les confonde pas entre elles.
Le problème pour nous sera donc aussi de savoir en quoi malgré leur accord lorsqu'il s'agit de condamner l'opinion, la philosophie se distingue de la science (et de la théologie).
A l'évidence, pour pouvoir régler ces deux problèmes, il faut d'abord s'entendre, savoir de quoi on parle lorsque l'on parle d'opinions. C'est pourquoi il nous faut commencer par un travail de définition de l'opinion.
[...] En somme, les opinions savantes qu'il a apprises s'opposent les unes aux autres, sont dans un rapport d'altérité les unes par rapport aux autres. Après ses études, ses voyages vont lui faire perdre de nouvelles certitudes : la rencontre avec l'altérité des autres coutumes, des autres idées admises comme vraies le conduit à douter de ses dernières certitudes. Ces déceptions et ses désillusions semblent le conduire à devenir sceptique : à douter qu'il existe une seule connaissance certaine, et même à douter qu'il soit seulement possible pour les hommes de connaître une seule chose en toute certitude. [...]
[...] Le relativisme. C'est la position que ceux qui pensent que tout le monde détient une vérité, sa vérité, que la vérité est donc relative à celui qui la prononce et non quelque chose qui vaut en soi, qui est vrai indépendamment de celui qui la prononce. Seulement, comme on peut observer que tous les individus n'affirment pas la même chose, n'ont pas tous la même vérité, on ajoute que, puisque chacun a sa vérité, que toutes les opinions se valent. [...]
[...] (la prison, l'asile et la mort). Cf : Athènes condamnant Socrate à mort parce qu'il dérangeait tout le monde avec ses questions qui obligeaient à réfléchir et à renoncer à ses opinions, à ses préjugés. Par ailleurs, lorsque l'altérité prend la forme non pas de discours, mais de réalités observées ou dont on nous rapporte l'existence, il est tout aussi possible de s'épargner la peine de la rencontre non pas en détruisant cette réalité, mais en faisant comme si elle n'existait pas. [...]
[...] Par le dialogue, les interlocuteurs de Socrate sont forcés de reconnaître que leurs opinions ne valaient rien. Ils sont plongés ainsi dans la plus grande des perplexités, dans l'embarras : ils ne savaient pas ce qu'ils disaient, ils parlaient à tort et à travers, et, une fois qu'ils s'en sont rendus compte, ils ne savent plus quoi penser et dire. Qu'est ce que cela signifie ? Puisque le dialogue progresse par les questions de Socrate et les réponses de ses interlocuteurs, il est l'équivalent de la réflexion non pas telle qu'elle se déroule dans l'esprit d'une seule personne, mais transposée sous la forme d'une conversation entre deux personnes. [...]
[...] Il convient donc de toujours distinguer la définition du sens des mots, qu'on peut trouver dans un dictionnaire, et la définition de l'essence de la chose désignée par les mots, qui elle doit être élaborée à partir de la définition du sens du mot, parce qu'elle a toujours un rapport avec la chose et son essence, mais grâce surtout à l'analyse, à la décomposition de la chose Conceptualisation du terme opinion On peut utiliser trois types d'analyses pour conceptualiser l'opinion. - Analyse structurelle : déterminer la forme. - Analyse génétique : déterminer l'origine ou les causes. - Analyse fonctionnelle : déterminer la fonction ou l'utilité. Sous quelle forme se présente une opinion ? Analyse structurelle de l'opinion. Opinion : avis personnel, point de vue, jugement dont on pense qu'il est vrai. [...]
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