Que pensez-vous du « phénomène Alvarrez » ? De quelles manières concerne-t-il le « contexte d'exercice du métier » ? (professeure des écoles) Donnez un point de vue argumenté.
[...] Toutefois, ce n'est pas aussi simple que cela. En effet, sa démission ne doit pas être appréciée comme une tentative déterminée par une volonté politique qui serait vue comme le responsable de l'arrêt de sa carrière. Ainsi, voyons comment elle-même voyait sa carrière dans l'Éducation nationale. Selon elle, « c'était pour infiltrer le système et parvenir à le changer, pas pour enseigner. Je me laissais trois ans pour proposer un environnement de classe faisant l'effet d'une bombe pédagogique[5] ». De plus, sa médiatisation a en quelque sorte mis dans l'ombre beaucoup de professeurs qui eux travaillent au quotidien pour faire également changer les choses dans l'éducation des jeunes élèves sans pour autant faire la une des médias. [...]
[...] Venons-en donc maintenant à la deuxième partie de notre analyse. À la lumière de l'expérience dite de « Gennevilliers » qui fut largement médiatisée, Céline Alvarez représente le visage d'un corps enseignant avide de changement dans la méthode d'éducation des jeunes enfants. Pour une certaine catégorie d'enseignants, elle est une personne courageuse qui a eu le mérite de bousculer en quelque sorte l'ordre établi en voulant adapter les sciences cognitives aux sciences de l'éducation. L'inégalité scolaire, le décrochage scolaire n'ayant pas été réduit par les différentes politiques éducatives durant les dernières décennies, l'approche de Céline Alvarez a eu le mérite, en tout cas pour les professeurs des écoles, de vouloir modifier les paradigmes en vigueur dans l'Éducation nationale. [...]
[...] L'enfant devient l'acteur principal de son éducation. Il s'entraide avec ses camarades qui l'entoure dans la classe lorsqu'il éprouve une difficulté de compréhension, il n'a plus honte et peut mieux apprendre. Le rapport « vertical » entre « maître et élève » est alors définitivement aboli. C'est donc, en substance le métier de professeur qui change par la même occasion. Le « centre de gravité » d'une classe ne se fait plus autour du maître ou de la maîtresse, mais autour de l'enfant lui-même. [...]
[...] Finalement, les passions autour du phénomène « Alvarez » n'ont pas encore trouvé leur « épilogue » d'une certaine façon dans le sens où le nouveau ministre de l'Éducation nationale du premier gouvernement d'Emmanuel Macron, Jean Michel Blanquer a affirmé croire dans l'apport des neurosciences dans le domaine de l'éducation[7]. Ainsi, ce phénomène « Alvarez » risque à nouveau dans un futur proche de déclencher de nouvelles polémiques suivant les nouvelles orientations du gouvernement en matière d'éducation. Ce ne serait pas donc une surprise de retrouver Céline Alvarez dans l'actualité médiatique dans les prochains mois. « Les Lois naturelles de l'enfant », Les Arènes, Paris pages. In « L'enfant », Desclée de Brouwer, Paris pages. Sous la direction de Stanislas Dehaene, Odile Jacob, Paris pages. [...]
[...] Grâce au concours du spécialiste en sciences cognitives Stanislas Dehaene, notamment en utilisant les principes édictés dans son livre « Apprendre à lire – des sciences cognitives à la salle de classe[3] », Céline Alvarez met en place une approche fondée prioritairement sur l'humain et en ce sens, modifie en substance le contexte d'exercice du métier de professeurs des écoles. En effet, l'émotion doit être sur le même plan que le domaine cognitif. Les principaux enseignements de cette expérience montrent qu'il est donc nécessaire de formaliser des « rapports horizontaux » entre les élèves et les professeurs. Ainsi, ces derniers ne sont plus au cœur du processus de validation des connaissances. L'enfant est nettement valorisé, le système de notation n'a donc plus sens. Par cet aspect, c'est la compétition entre les élèves qui tend à s'abolir. [...]
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