Réflexion historique, dépendance du passé, dimension instructive, nationalisme, écriture autobiographique, principe de précaution, Première Guerre Mondiale, Hannah Arendt, Macbeth, outil de propagande, Alain, injustice, Nietzsche, Seconde considération inactuelle, recherche d'un sens, Walter Benjamin
L'histoire est ce qui nous relie au passé. La culture représente un aspect de l'histoire dans la mesure où elle englobe tout ce qui nous a été légué par le passé : la langue maternelle, les savoirs et les techniques, les lois et les institutions, les endroits mêmes dans lesquels nous vivons, tout cela constitue un patrimoine que chacun s'approprie à sa façon mais qui est vécu tout d'abord comme une seconde nature. L'éducation, qui débute dans le cadre de la famille et se poursuit à l'école, nous fait accéder à une histoire dont l'assimilation se fait donc comme naturellement mais qui témoigne aussi d'un processus historique à travers lequel ce patrimoine est appelé à être redéfini de façon incessante. Il semble donc bien que, préalablement à toute réflexion sur l'histoire, celle-ci nous fasse la leçon par le biais de la culture. Le passé s'impose alors comme un maître qui nous enseigne une leçon que nous nous bornons à réciter, sans la livrer à un examen critique. Le nationalisme constitue ainsi l'exemple d'un récit, qui, en adoptant une vision partiale et biaisée ravale l'histoire au rang de préjugés. Peut-on tirer des leçons de l'histoire ?
[...] La recherche historique suppose un esprit qui ait présent à l'esprit les difficultés inhérentes à l'histoire. Il ne peut en effet y avoir d'histoires sans traces, et en particulier sans langage, ce qui impose d'aborder ces traces avec précaution dans la mesure où elles ont pu disparaître, être censurées, détruites. Ce principe de précaution doit donc inciter aujourd'hui l'historien à rechercher, puis à conserver avec un soin jaloux des témoignages sur la société dans tous ses aspects à un moment donné afin d'en léguer la trace à ses successeurs, qui s'attacheront à y démêler un sens. [...]
[...] Nous en avons un exemple aujourd'hui dans la manière des minorités opprimées dans l'histoire font valoir leur caractère de victimes en comparaison d'autres, pour réclamer davantage de justice. La notion du devoir de mémoire et d'une histoire qui doit être source d'exemplarité se heurte ainsi à la complexité consubstantielle à l'histoire qui ne peut réaliser cet idéal de religion laïque dont rêve Alain et dont Nietzsche fait en partie la critique, en parlant d'histoire monumentale et d'histoire antiquaire. L'histoire monumentale est ainsi constituée des exemples que se choisit le puissant dans l'histoire afin d'opprimer les faibles, tandis que l'histoire antiquaire est le signe d'une nostalgie pour ce qui n'existe plus et qui empêche celui qui s'y livre de vivre sous le signe du présent, qui le brime dans son action. [...]
[...] Peut-on tirer des leçons de l'histoire ? revient alors à se demander s'il est possible de construire notre rapport au passé de manière à ne pas être seulement les jouets passifs d'une histoire sur laquelle nous n'aurions pas prise. Il s'agit donc de montrer tout d'abord que l'histoire comprend en son principe même une dimension instructive car critique. On verra ensuite qu'une lutte se joue dans la manière dont l'histoire nous contraint, en nous faisant dépendre du passé, et nous rend libre à mesure de la manière dont nous nous l'approprions, ce qui ne va pas sans présenter quelque danger et impose d'avoir recours à une réflexion philosophique pour savoir si véritablement il est possible de dégager dans l'histoire des leçons, entendues comme règles de conduite ou principes moraux. [...]
[...] L'histoire est l'expression de cette lutte pour la liberté, qui a valeur d'enseignement en même temps que s'y marque la singularité de chaque époque. Pour produire des enseignements, l'histoire doit en fait s'assigner comme mission la recherche d'un sens. Elle est indissociable d'une réflexion philosophique qui en guide les principes pour faire se rejoindre la recherche du bien, qui est un objectif proprement philosophique, et la propension à la liberté qui s'exprime dans l'histoire humaine. C'est pourquoi Kant voit l'histoire comme le signe d'un développement de l'homme, qu'il fait dépendre de ses dispositions morales, de sa capacité à faire usage de sa raison. [...]
[...] Elle se donne pour mission de donner du sens à ce qui ne paraît être qu'un « récit conté par un idiot plein de bruit et de fureur » selon la phrase de Shakespeare dans Macbeth en pointant des analogies, des similarités qui nous rappellent à des devoirs moraux. Une lutte se joue dans la manière dont l'histoire nous contraint, en nous faisant dépendre du passé Les leçons dispensées par l'histoire peuvent s'entendre en plusieurs sens. Tirer des leçons de l'histoire implique un acte qui nous tire d'une passivité originelle. [...]
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