« Penser conduire sa vie » est contre-intuitif : la vie est en effet un phénomène qui se situe en deçà de la conscience et donc de la mémoire, de l'oubli et de la pensée. La vie est de l'ordre du réflexe et ne semble donc pas relever en première analyse d'un acte de volonté ou d'un exercice de maîtrise. Toutefois, il convient de s'interroger sur un autre sens à la vie. Il s'agit de la vie envisagée du point de vue de l'existence consciente, c'est-à-dire de la manière dont une espèce particulière (ici l'espèce humaine) se représente le fait d'exister pour un certain temps et selon une certaine durée. Mais là aussi la formule parait absurde, car si l'on définit la vie humaine comme une vie consciente, alors par principe nul ne peut vivre sans être conscient du fait qu'il vit.
Peut-on, alors, réellement penser une manière de vivre ? Si oui, qu'est-ce que cela implique ? Devons-nous laisser notre intelligence nous guider dans nos choix, dans notre vie ?
[...] Pour la plupart des êtres, le but de la vie réside seulement dans le désir sexuel et, quand un homme l'a satisfait, il n'a fait qu'obéir au vouloir-vivre qui le dépasse et qu'il ignore. L'Homme serait donc contraint et soumis à sa volonté de vivre. Cette question de bioéthique à propos du clonage implique immédiatement une question de pouvoir, de biopolitique Qui doit prendre les décisions ? On ne peut pas laisser à la science la possibilité de s'autogérer, ni encore une fois, laisser le champ libre à l'Etat. Il faut faire appel à d'autres acteurs. [...]
[...] Il voudrait ne pas mourir et aimerait prolonger sa vie. Les Hommes doutent même, au fond, d'être mortels. Tous au contraire vivent comme si leur vie devait être éternelle. L'existence humaine est une tragi-comédie chez Schopenhauer; l'individu se croit libre d'orienter sa vie, et, en réalité, il n'est qu'un jouet entre les mains du vouloir-vivre. La nature donc, ayant pour essence même la volonté de vivre, pousse de toutes ses forces et la bête et l'Homme à se perpétuer. L'Homme chercherait donc un moyen de prolonger sa vie. [...]
[...] Peut-on, alors, réellement penser une manière de vivre ? Si oui, qu'est-ce que cela implique ? Devons nous laisser notre intelligence nous guider dans nos choix, dans notre vie ? Autant de questions auxquelles nous répondrons dans un premier temps en montrant que la vie n'est pas conduite par notre esprit pour montrer dans un deuxième temps que ce serait finalement peut-être le cas. D'une part, on peut voir Karl Marx (1818-1883). C'est le parent du matérialisme historique : pour lui la production de la vie matérielle détermine la vie sociale et l'apparition des idées. [...]
[...] Si l'Etat cherche à normer les comportements, doit-il s'immiscer dans la sphère de l'hygiène ou plus encore dans la sphère de la sexualité ? Le risque est de s'immiscer trop fortement et de normer les individus à adopter tous la même sexualité, le même comportement. Pour en revenir à Marx, Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. dit-il. Il entend par la vie essentiellement les conditions matérielles d'existence. Les individus ne choisissent pas ces conditions ; ils les subissent. [...]
[...] Mais, penser conduire sa vie ce serait peut-être oublier le principal objectif de la vie. Ce serait oublier de profiter de la vie à force de vouloir la dominer ou de vouloir en tirer le maximum. C'est le paradoxe du golden boy ou de l'ambitieux qui, parce qu'il cherche à aller le plus vite possible ou à vivre le plus intensément, il oublierait finalement de vivre réellement sa vie. A trop vouloir vivre, on ne vivrait plus. Vivre ce n'est pas un problème, c'est un plaisir. [...]
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