Ici la question du droit ne semble pas problématique : moralement, connaître autrui semble un devoir et non un interdit. Il n'y a pas de sens à vouloir s'interdire de connaître autrui ou de chercher à l'ignorer.
Première interrogation : s'il est louable de vouloir connaître autrui, encore faut-il que cela soit possible. Autrui par définition n'est pas moi et donc je ne suis pas l'autre.
Ainsi, il semble qu'on ne dispose pas, à première vue, des moyens nécessaires pour connaître autrui réellement, de savoir aussi bien que lui qui il est.
Cependant, en admettant que je puisse réellement connaître autrui, cela ne revient-il pas à minimiser son altérité, donc manquer ce qui définit précisément autrui ?
Nous verrons qu'il est, PAR PRINCIPE, impossible de connaître réellement autrui, mais qu'à travers la sympathie nous pouvons du moins essayer.
Le Moi se définit par la conscience que le sujet a de lui-même. Comme le dit Descartes, j'ai avant tout la certitude d'être un sujet pensant; la pensée est ce qui, avec le plus d'évidence se ressent. Alors la connaissance d'un autre moi semble tout bonnement impossible. Pour connaître un être autre que moi il faudrait éprouver la conscience d'un autre, ce qui, de fait, est impossible.
On voit donc que pour connaître autrui aussi bien que lui se connait, il faudrait qu'autrui ne soit plus alter ego mais ego, ce qui contredit sa définition. Il y a une distance infranchissable qui fait obstacle à la connaissance. Cette distance provient de la certitude que j'ai de mon être ; cette certitude est supérieure à celle que je peux avoir de la pensée d'autrui. Ainsi la connaissance d'autrui est difficile parce que, quelque soit la connaissance supposée que j'ai de lui, celle-ci sera douteuse en comparaison de celle que j'ai de moi-même
[...] On pourrait donc s'attendre à ce que le langage permette de surmonter cette «disparité» des consciences, en parlant on peut échanger donc apprendre, et se connaître. Cette idée est critiquable car le langage ouvre lui-même un espace d'apparences, il amplifie la difficulté au lieu de la simplifier. Le langage devient un voile que chacun peut modifier à sa guise, se montrer aux autres non comme il est mais comme il veut être perçu. Le langage pourrait seulement faire office de vérification aprés la connaissance réelle d'une personne. Le langage serait donc une sorte de brouilleur pour la connaissance d'un autre moi. [...]
[...] Ainsi, il semble qu'on ne dispose pas, à première vue, des moyens nécessaires pour connaître autrui réellement, de savoir aussi bien que lui qui il est. Cependant, en admettant que je puisse réellement connaître autrui, cela ne revient-il pas à minimiser son altérité, donc manquer ce qui définit précisément autrui ? Nous verrons qu'il est, PAR PRINCIPE, impossible de connaître réellement autrui, mais qu'à travers la sympathie nous pouvons du moins essayer. Le Moi se définit par la conscience que le sujet a de lui-même. [...]
[...] La connaissance réelle des autres est à la fois simple car immédiate mais complexe car sans règle. Toute connaissance est apparemment partielle, vouloir connaître l'autre c'est projeter ce que je connais de moi sur autrui et minimiser son altérité. De plus si la connaissance réelle d'autrui n'a pas de règle, alors comment démontrer quelque chose qui ne se détache pas par sa base? Autrui est autre, différent de moi donc impossible à connaître parfaitement, s'en faire une idée est possible mais il faut courir le risque de s'en faire une qui n'est pas exacte. [...]
[...] Et si nous ne nous connaissons pas nous-même, alors comment connaître autrui? La perspective Cartésienne mentionnée plus haut affime que mon corps et le corps d'autrui forment une frontière qui empêche la connaissance de la subjectivité du prochain. Il faudrait se demander si un moyen pourrait concéder une médiation entre nos esprits.C'est ce que pense Hume à travers son étude sur la sympathie, qui a pour but de faire comprendre que je ne suis pas fatalement coupé des autres. Ainsi il développe le fait que je suis semblable à autrui mais à la fois autre. [...]
[...] Savoir ce que l'autre ressent à l'instant même, ou réussir à lui faire ressentir quelque chose m'informe sur un état passager qui n'influence pas forcément son moi profond. Il faudrait alors se dire qu'on ne connait pas l'autre comme on connait une chose. Cette norme établie pourrait expliquer plusieurs choses, des lois physiques universelles font que les choses, les objets sont dans un carcan donné qui nous permet de les cerner mais ce que pense autrui ne nous est pas donné comme matériel, les paroles, les mimiques sont des perceptions immédiates valables dans l'instant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture