Il semble bien que la vie de l'homme soit tantôt poussée par le bien, tantôt par le mal. Mais de quel mal s'agit-il ? En effet, il existe plusieurs sortes de mal : le mal métaphysique (à savoir l'imperfection du monde), le mal moral (qualifiant l'action des hommes non conforme à la loi morale) et le mal physique (souffrance, tristesse, misère…). Il s'agit ici de savoir si l'homme peut vouloir le mal au sens moral. Le terme de « vouloir » renvoie quant à lui à la volonté, au principe de l'action et/ ou du choix de ces principes. Elle suppose la conscience et la liberté. Si je veux quelque chose c'est que j'en décide librement, rien (c'est-à-dire : ni les passions, ni l'inconscient, ni l'ignorance ne peut en être l'origine) ni personne ne m'y a poussé.
La question de savoir si on peut vouloir le mal signifie donc : peut-on faire le mal en connaissance de cause, librement, en sachant que ce que l'on fait est mal ? Ou bien ne fait-on le mal que par aveuglement, à cause des passions, ou de notre histoire passée, en n'ayant pas vraiment conscience de faire le mal ? Cette interrogation sous-entend qu'il paraît impossible de vouloir faire le mal, de faire le mal en sachant que c'est le mal, de faire le mal pour faire le mal. Et évidemment, elle présuppose encore que la thèse selon laquelle on pourrait vouloir faire le mal, est à la fois incompréhensible, et insupportable.
Fait-on le mal parce que l'on est essentiellement un « méchant », un pervers, un monstre, un démon ? Le mal moral est-il le fruit d'une erreur, d'un manque de connaissance, ou d'une faute, on se préfère à autrui? Y a-t-il une volonté diabolique ?
[...] Dans quel sens autrui me fait-il vouloir le mal ? Hegel dans Phénomène de l'esprit, explique que tout homme veut qu'autrui reconnaisse ma suprématie. Je veux apparaître vis-à-vis d'autrui comme le maître. La conscience veut apparaître aux yeux d'autrui comme délié de tous biens sensibles et donc au dessus. Autrui, par les rivalités qu'il crée me fait ainsi vouloir son mal. Je sais qu'il est le négateur de ma liberté. Comme l'a montré Sartre dans l'Etre et le Néant, autrui est celui qui me juge et ce jugement me fige. [...]
[...] Il nous revient donc, en agissant sur nos opinions, de vouloir ce qui arrive. Ainsi, je peux dire que si je fais du mal, cela ne semble être que le fruit d'une erreur, d'un manque de connaissance ou d'une faute. Ainsi, si malgré mon processus de décision, j'en arrive à faire du mal, il s'agit d'une erreur : je ne peux pas être méchant volontairement, je ne l'ai pas fait exprès ! Mais puis-je manquer de volonté face au mal ? [...]
[...] L'indifférence suppose en effet le choix. Or, dès qu'il y a choix, je peux faire ou ne pas faire : je ne suis par conséquent pas déterminé à agir, donc pas nécessairement déterminé à faire le mal. L'indifférence est contraire aux penchants et aux impulsions. Toutefois, cette liberté d'action, cette liberté de choisir de faire du mal ou pas est minimale car elle résulte d'une méconnaissance. Pour pouvoir me déterminer librement et sortir de l'indécision, il faut que je sache à quoi me déterminer : Nihil appetitur, nisi sub ratione boni La liberté suppose la connaissance. [...]
[...] Suis-je alors déterminé à faire du mal même si je ne le veux pas ? Les penchants semblent façonnés l'homme. L'homme est un être d'habitude. Le caractère empirique met en relief la prévision, cela ne peut pas ne pas On se borne alors à céder à un penchant ou à réagir et c'est paradoxalement à ce moment là que je me sens le plus libre. Ne peut-on pas alors dire que si je fais du mal c'est involontairement, c'est plus fort que moi ? [...]
[...] Y il une volonté diabolique ? On ne peut faire le mal que si on est ignorant A quelles conditions ne pourrait-on pas vouloir le mal volontairement ? Platon disait nul n'est méchant volontairement Le méchant serait ainsi méchant par accident, inconsciemment, il croirait poursuivre un bien: il confond le mal avec un bien: il est impossible de vouloir le mal car on ne peut vouloir que le bien. Mais qu'est ce que le vouloir ? Qu'est-ce que la volonté ? [...]
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