Le mal, dont la souffrance est d'ordre physique ou moral ou encore que ce mal contredit la raison par le désordre, l'imperfection, la faute ; se distingue du mal métaphysique comme simple imperfection du mal physique qui relève de la souffrance et du mal moral qui se traduit par l'action de l'homme et plus particulièrement à ce qui est non conforme à ce qu'il est « bien » de faire par exemple le péché. Le mal moral implique la notion d'action non conforme au bien.
Ici, il semble inéluctablement que le sujet traite du mal en un sens moral, puisqu'il s'agit de l'action de l'homme. Le mal est certainement ce qui s'oppose au bien moral et à l'exigence de la loi morale. C'est la loi morale qui permet de définir le bien. Le bien n'apparaît qu'à la lueur des impératifs moraux, éclairé par la norme morale. Le terme de "vouloir " renvoie à la volonté, au principe de l'action et/ ou du choix de ces principes. Elle suppose la conscience et la liberté. Si je veux quelque chose c'est que j'en décide librement, rien (c'est-à-dire : ni les passions, ni l'inconscient, ni l'ignorance ne peut en être l'origine) ni personne ne m'y a poussé.
La question de savoir si on peut vouloir le mal signifie donc : peut-on faire le mal en connaissance de cause, librement, en sachant que ce que l'on fait est mal ? Ou bien ne fait-on le mal que par aveuglement, à cause des passions, ou de notre histoire passée, en n'ayant pas vraiment conscience de faire le mal ? Il paraît impossible de vouloir faire le mal, de faire le mal en sachant que c'est le mal, de faire le mal pour faire le mal. Peut-on faire le mal pour le mal, en toute conscience ?
[...] Précisons que cette explication classique du cas Eichmann rencontre l'interprétation tout aussi classique de la "solution finale " : cet événement inédit a été sacralisé, sous le nom de "Shoah et déclaré inconcevable, indicible, se dérobant par nature à toute compréhension. Vouloir comprendre la Shoah c'est banaliser le mal, c'est un scandale. En effet, comprendre, c'est se mettre à la place de ce que l'on veut comprendre, et cela reviendrait à mettre en nous le mal que l'on cherche à comprendre. [...]
[...] Arendt, un peu dans la lignée de Kant, se place en porte à faux par rapport à cette position communément défendue. En effet, comme Kant, elle soutient que Eichmann n'a pas été victime de mauvaises passions, et qu'il n'était pas non plus un "méchant un démon, un monstre, ou encore, un "être inhumain mais un homme ordinaire, "normal", comme vous et moi. Elle nous dresse ainsi, tout au long de son ouvrage, le portrait d'un homme médiocre, caractérisé par l'absence de pensée (de réflexion) et par l'usage constant d'un langage stéréotypé, de clichés standardisés. [...]
[...] Il paraît impossible de vouloir faire le mal, de faire le mal en sachant que c'est le mal, de faire le mal pour faire le mal. Peut-on faire le mal pour le mal, en toute conscience ? N'est-ce pas là une thèse relevant de l'Incompréhensible et de l'Insupportable ? L'enjeu est important, car selon la réponse à la question, nous serons menés à admettre qu'il y a des hommes inhumains, ou bien que l'homme n'est pas ce qu'on croyait. Fait-on le mal parce que l'on est essentiellement un "méchant un pervers, un monstre, un démon ? Y a-t-il une volonté maléfique ? [...]
[...] Pour pouvoir parler de mal moral, il faut donc que le mal ait son origine dans la liberté. Cela est compris dans la notion même. Le mal moral qualifie donc un acte, qui non seulement est contraire à la loi, mais aussi, et surtout, qui repose sur un principe mauvais (la décision d'agir contrairement à la loi morale, la perversion de la loi morale). Kant le montre dans La religion dans les limites de la simple raison, La proposition : " l'homme est mauvais ne peut vouloir dire autre chose d'après ce qui précède que : " il a conscience de la loi morale et il a cependant admis dans sa maxime de s'en écarter (à l'occasion) " C'est dire que celui qui fait le mal sans le savoir et sans le vouloir vraiment, le méchant platonicien, n'est pas véritablement mauvais. [...]
[...] Cette compartimentation de l'action et la spécialisation bureaucratique fondent cette absence de sentiment de responsabilité qui caractérise tant d'assassins et leurs complices, elle suspend la conscience morale Arendt ne les excuse pas, loin de ce qu'on a pu lui reprocher. En effet, elle leur reproche de n'avoir pas su penser (d'avoir même, littéralement, arrêté de penser). C'est là le crime qui se trouve à l'origine du crime contre l'humanité. Comprendre cela, c'est selon elle permettre aux générations futures de ne pas refaire la même chose. Pensons ! [...]
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