Le bonheur, état de plénitude, de satisfaction totale, est la fin ultime à laquelle tend tout individu humain. Nous n'agissons que pour cela : être heureux. Il semblerait même aujourd'hui que l'Etat, la société, les « autres » en général, nous doivent le bonheur : ne réclame-t-on pas sans cesse contre les lois positives le « droit au bonheur », déclaré explicitement dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 comme étant un droit imprescriptible de l'humanité ? La vie en société ne semble être harmonieuse que si elle respecte cette fin fondamentale dans la vie de tout homme, et donc, que si chacun œuvre non seulement pour son propre bonheur mais aussi pour celui des autres. Pourtant, est-ce possible de vouloir le bonheur des autres, si le bonheur est un sentiment de bien-être total ? Avons-nous la capacité de partager les sentiments des autres et de ressentir exactement la même chose qu'eux ? Avons-nous la capacité de nous donner comme but un intérêt autre que le nôtre ou que celui de nos plus proches (frère, père, amant, ami, etc.) ? Et, dès lors, est-il même permis de vouloir le bonheur des autres ? Ne serait-ce pas vouloir leur imposer une vision du bonheur, vouloir régenter leur vie et les priver de liberté ? Enfin, est-ce qu'un bonheur collectif est une notion qui peut recevoir un sens objectif, c'est-à-dire, est-ce que le bonheur peut être susceptible d'un accord entre les hommes ? A quelles conditions cette notion peut-elle être pertinente et permettre à la volonté du bonheur des autres de recevoir elle-même un sens ? Pour analyser le sujet, il apparaît opportun de mettre en exergue tout d'abord le devoir de bienveillance qui s'impose à tout à chacun.
[...] Peut-on vouloir le bonheur des autres ? Le bonheur, état de plénitude, de satisfaction totale, est la fin ultime à laquelle tend tout individu humain. Nous n'agissons que pour cela : être heureux. Il semblerait même aujourd'hui que l'Etat, la société, les autres en général, nous doivent le bonheur : ne réclame-t-on pas sans cesse contre les lois positives le droit au bonheur déclaré explicitement dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 comme étant un droit imprescriptible de l'humanité ? [...]
[...] Chacun a une vision personnelle du bonheur, qui dépend de son milieu social, culturel, etc. Le contenu du bonheur est différent non seulement d'un individu à l'autre, mais encore, change au cours de la vie d'un individu. Différent d'un individu à l'autre : pour l'un, le bonheur résidera dans la possession matérielle de biens, pour l'autre, dans la lecture, pour l'autre encore, dans la possession d'une belle voiture, etc. Au cours de la vie d'un individu : selon les expériences qu'on va faire dans la vie, notre vision du bonheur changera Cela signifie aussi l'incertitude du bonheur : son contenu est indéterminé, nul ne sait jamais avec certitude en quoi il réside (son caractère indéterminé vient justement d'une impossibilité à s'accorder sur le contenu du bonheur, que ce soit entre nous ou bien avec soi-même). [...]
[...] On est heureux ou on ne l'est pas, point, et on peut à la limite savoir si on est heureux seulement au moment de la mort, quand on peut avoir un regard rétrospectif sur toute sa vie. Le bonheur est un état de repos. C'est, avons-nous dit, l'état auquel toutes les activités humaines tendent. Le bonheur est une fin en soi, le souverain bien Cf. Aristote, Ethique à Nicomaque, livre I. Le bonheur est la fin dernière de l'homme, c'est-à-dire, de tout être humain, doué d'humanité. S'accomplir, se réaliser, s'épanouir, c'est avant tout réaliser son humanité. [...]
[...] il ne faut pas tuer ton prochain ou, pour reprendre la formule plus positive de Kant, agis toujours de telle sorte que tu traites toujours autrui en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen L'autre homme, celui qui partage avec moi l'humanité, est ici érigé en finalité ultime de mon action, et ne pas attenter à sa vie, à sa personne, est non seulement une vertu, mais encore et surtout un devoir, une obligation morale. Il ne s'agit pas ici à proprement parler de vouloir le bonheur des autres, mais ne pas attenter à la vie ou à la personne d'autrui étant le fondement de notre morale, on comprend alors pourquoi la bienveillance (ou vouloir le bonheur des autres) peut être considérée par nous comme louable et même comme un devoir. Pourtant, est-il vraiment possible de vouloir le bonheur des autres ? Rappelons ce qu'est la bienveillance. [...]
[...] On peut même soutenir que vouloir le bonheur des autres mènerait justement à la négation de nos libertés respectives. Vouloir le bonheur des autres, que l'agent de ce vouloir soit un individu, une association d'individus quelconques ou l'Etat, c'est au bout du compte prétendre régir la vie personnelle d'un individu à sa place. C'est la négation ultime de la liberté individuelle. On sait bien que c'est le but même du totalitarisme de vouloir régenter tous les domaines de la vie humaine, y compris ce qui relève de la pensée et même du sentiment (cf ; Le meilleur des mondes Même sous couvert de vouloir vraiment le bien des autres hommes, la volonté de faire le bien des autres est toujours à suspecter. [...]
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