Peut-on tout dire, fake news, limites du langage, communication, raisonnement abstrait, Henri Bergson, classes sociales, linguistique, moralité, secret professionnel, espace public, libération de la parole, éthique, mensonge
Une "fake news", en français "infox" ou "information fallacieuse", est une information erronée diffusée dans le but de tromper le public. L'utilisation de celles-ci a pris de l'ampleur par le biais du réseau social Twitter notamment, et c'est pour cela que le média prévoit désormais de bannir les utilisateurs propageant ces "fake news". On peut donc se demander si tout dire est souhaitable ou même possible. Quelles sont les limites à notre parole ? Peut-on tout dire ? Pour comprendre ce sujet, il convient de définir au préalable plusieurs termes.
[...] Ces arguments sont d'ailleurs appuyés dans les travaux de Kant sur le mensonge et la recherche absolue de vérité pour agir moralement : « Car le mensonge nuit toujours à autrui : même s'il ne nuit pas à un autre homme, il nuit à l'humanité en général et il rend vaine la source du droit ». Ainsi, selon l'éthique déontologique, mentir est absolument interdit. Finalement, si l'on pratique la morale kantienne, plus que pouvoir tout dire, il faut tout dire. Il apparaît alors avec évidence que nos sociétés ne fonctionnent pas de la sorte, mais obéissent plutôt à un autre principe. [...]
[...] Il existe d'autres éléments limitant notre capacité à tout dire lié à la société. Il n'est souvent pas souhaitable d'évoquer certains sujets et on les considère alors comme tabous. L'étymologie du mot tabou est très intéressante. En effet, il vient du polynésien « tapu », qui signifie « interdit, sacré » et nous a été transmis par l'intermédiaire de l'anglais « taboo ». Il nous faut remarquer que ses racines proviennent du sacré et sont relatives à la religion. Cela s'explique par le fait que la religion a longtemps été le pilier des sociétés et c'est donc elle qui avait le rôle de trancher sur ce qu'il était permis de dire ou pas. [...]
[...] L'État peut autoriser au maximum cette liberté d'expression ou au contraire censurer la parole du peuple. Dans une dictature, un état autoritaire ou une monarchie, la liberté d'expression est souvent restreinte. Dans ces régimes, la parole est considérée comme une arme pouvant déstabiliser le pouvoir en place et il est donc nécessaire de la limiter au maximum. Les raisons de cette limitation sont souvent liées à l'atteinte aux principes religieux, à la morale, et aux idéologies du régime en place. [...]
[...] Les sensations sont infinies et le nombre de mots dans le dictionnaire non. D'autre part, certaines langues ont des mots permettant d'exprimer des émotions, des situations ou des couleurs que d'autres langues n'ont pas. Par exemple, en allemand, le sentiment de plaisir résultant du malheur d'autrui s'exprime par le mot « Schadenfreude » : littéralement : la joie du dommage. Ces spécificités font de chaque langue un système unique permettant de dire des choses différentes. Elles ont été façonnées et modelées à l'image de la société auxquelles elles sont propres et n'offrent pas le même champ des possibles pour dire ce que l'on veut. [...]
[...] Mais en aurait-on eu seulement le droit ? C'est le rôle de l'Etat que de définir les interdits auxquels l'on doit se soumettre pour s'exprimer. En démocratie, on dispose généralement de la liberté d'expression, mais elle ne fournit pas un droit de tout dire sans limites. Il est ainsi possible de tout dire, tant que l'on ne s'attaque pas à l'appartenance de chacun. Le film Snowden, réalisé en 2016 et tiré d'une histoire vraie, raconte comment un analyste, répondant à son éthique, a mis en péril sa vie pour tout dire à la presse et au monde sur la surveillance constante des populations mondiales opérée par la CIA et la NSA. [...]
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