De nos jours, certains penseront que tout peut se monnayer. Effectivement, on peut considérer que dans un monde où l'argent est roi, tout peut s'acheter. Certains s'achètent des terrains sur la lune, ou des vies dans le futur (cryogénisation, clonage), d'autres négocient des pardons divins (indulgences), d'autres encore font commerce de sentiments (romances écrites ou filmées), de sexe (prostitution), de sensations (sports extrêmes, toxicomanie), certains ont pu acheter l'être humain (esclavage) ou des parties de son corps (trafic d'organes), etc.
Le sujet que nous allons traiter pose la question : peut-on tout acheter ? Cela revient à se demander si tout est mesurable. Y a-t-il des choses qui ne sont pas quantifiables ? L'argent permet-il l'accès absolu à toute chose, quelle qu'elle soit ? N'y a-t-il que le matériel qui puisse être acheté ? N'y a-t-il pas une valeur morale qui restreindrait l'achat de certains objets ? L'argent offrirait-il un droit absolu à ceux qui le possèdent ?
[...] Ne dit-on pas que la vie n'a pas de prix ? Cependant, ce n'est pas ce que laissent à penser les assurances qui évaluent le prix de la vie d'un homme ? Sans porter de jugement, qu'il soit positif ou négatif sur ces pratiques de la société, il convient simplement d'observer qu'on propose de fournir aux enfants ou descendants d'une victime une compensation matérielle, suite au décès d'un proche. Nous pouvons observer ici une sorte de matérialisation de la vie de l'homme. [...]
[...] Les sensations font donc partie de ces choses que l'on peut désormais acheter. Les sentiments d'euphorie, de détente peuvent être achetés sous forme de substances illicites telles que les drogues dures. Les sensations sont matérialisées, tout comme les pensées, les actes, et de la sorte, nous pouvons nous permettre d'acheter tout ce que l'on désire, sans nous demander si cela pourrait être nuisible à autrui. Banaliser l'achat par l'argent de toutes choses du monde est un fait suspect mais pourtant réel dans nos sociétés. [...]
[...] L'argent offrirait-il un droit absolu à ceux qui le possèdent ? Dans un premier temps, nous répondrons au sujet en analysant le raisonnement qui semble dire que tout peut s'acheter. Enfin, nous abordons le fait que tout n'est probablement pas monnayable. Certains peuvent penser que tout s'achète en portant un point de vue plus ou moins matérialiste sur tout ce qui les entoure, et, de ce fait, sur tout ce qu'ils sont en mesure d'acheter. Désormais, même les choses qui ne paraissent pourtant pas être matérielles peuvent être achetées par les plus riches. [...]
[...] Les êtres naturels sont des choses. Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi. Si l'on se poste du point de vue de Kant, on ne peut pas tout acheter, tout n'est pas monnayable pour une raison purement et simplement morale. D'autre part, Rousseau, lui, pense que tout ce qui est matériel est susceptible d'être acheté, mais à partir du moment où notre conscience, et donc notre esprit et notre sensibilité sont pris en considération. [...]
[...] Nous avons également pu voir que si la morale peut freiner l'achat de tout ce qui existe dans l'humanité, on ne peut obliger personne à faire preuve d'un sens moral. L'argent ne peut tout acheter que si l'on adopte un point de vue purement matérialiste. Y souscrire, cependant, est avoir une vision très cynique de l'homme ; c'est nier l'existence de valeurs morales et spirituelles qui échappent à la logique de l'intérêt. L'argent permet d'avoir beaucoup de choses, mais il ne permet pas d'ÊTRE. Cette opposition est peut-être ce qui permet le mieux de marquer la limite du pouvoir qu'a l'argent. [...]
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