On ne peut mentir que si on sait la vérité, et alors la dissimuler ou n'en donner qu'une version partielle ou erronée. Le mensonge est donc un double rapport : rapport au vrai, il est aussi rapport à l'autre. Ainsi il est intentionnel, c'est-à-dire qu'il révèle une finalité. Je ne mens pas pour rien, mais en vue de satisfaire des intérêts divers, le plus souvent personnels. Mes intérêts se substituent donc à la valeur de la vérité. Je fais passer avant elle d'autres valeurs telles que la réussite d'un projet ou la préservation d'un état, ou encore l'amour de l'illusion et de l'apparence. J'aménage et j'arrange la réalité en vue de mes objectifs ou de mon confort psychologique.
La raison en est d'abord que la vérité n'est pas une évidence et qu'elle se dissimule le plus souvent à mes yeux et à ma raison. Le mensonge est facile, mais il est aussi une tendance qui marque mon impuissance à dire la vérité. Mais si celui que l'on cherche à tromper peut et même doit – pour l'efficacité du mensonge – ignorer la vérité, celui qui ment ne peut pas, quant à lui, l'ignorer. Puis-je alors me mentir à moi-même ? Puis-je être à la fois celui qui sait la vérité et se la dissimule ? La contradiction semble presque conduire à une absurdité.
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[...] Bibliographie - Oscar Wilde, Le déclin du mensonge - Sartre, L'existentialisme est un humanisme - Descartes, le Discours de la méthode - Descartes, les Méditations métaphysiques, méditation troisième - Nietzsche, La Volonté de puissance - Bergson, Essais sur les données immédiates de la conscience - En complément : Cours de philosophie générale de Gérard Durozoi, Hatier, éd [p. [...]
[...] Pourquoi alors est-ce que je me mens puisque je ne peux pas me mentir complètement et effectivement ? Contre l'angoisse qui m'empêche de vivre et que je ne parviens pas à dépasser par mon engagement ? Contre la liberté et pour une servitude volontaire ? Simplement parce que la liberté est insoutenable. La question est alors de savoir si je peux vivre sans me mentir à moi-même, si je peux surmonter l'angoisse d'être ainsi toujours jeté en avant de moi-même dans et par la liberté. [...]
[...] Puis-je alors me mentir à moi-même ? Puis-je être à la fois celui qui sait la vérité et se la dissimule ? La contradiction semble presque conduire à une absurdité. Pourtant, je fais l'expérience de ce mensonge quotidiennement, comme si j'étai double, comme si je me laissais volontiers tromper en toute connaissance de causes. D'où vient que cela est possible ? Est-ce dû à une structure psychologique ou simplement à l'absence d'exigence, dans ma vie quotidienne, de la vérité ? [...]
[...] Seule la conscience transcendantale le sujet peut alors se mentir à soi-même, mais si nous retrouvions un véritable accès à notre nature, alors elle surgirait dans toute son originalité et sa vitalité. Nous cesserions alors de nous mentir à nous-mêmes. Nous serions adéquats à ce que nous sommes. De manières différentes, on peut développer les thèses de Nietzsche (la vérité de la nature de l'homme dans l'expression de sa volonté de puissance) et de Bergson (la vérité est surgissement du moi profond, original et qui permet d'être en contact immédiat avec la réalité). [...]
[...] Celui qui se ment à lui-même existe sur le mode d'être ce qu'il est. Il croit pouvoir demeurer ce qu'il est et pourtant il sait qu'il peut toujours être autre chose et qu'il l'est malgré lui. Il y a donc une vérité à laquelle j'accède dans l'évidence : je suis et je veux, c'est-à-dire que je suis libre. Je peux toujours me tromper dans le choix des contenus de ma conscience, mais il est vrai que je pense (telle est l'évidence du cogito de Descartes : je pense donc je suis dans le Discours de la méthode). [...]
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