Dans son Introduction à la psychanalyse, le psychiatre autrichien Sigmund Freud affirma que la psychanalyse représentait la troisième blessure narcissique infligée à l'homme, après les révolutions copernicienne et darwinienne. De même que la Terre n'est plus le centre de l'univers et que l'homme possède une étroite parenté avec certains animaux, le Moi conscient ne serait désormais plus le « maître en sa maison ». Nous pouvons en effet constater que nos actions, notre imaginaire et d'autres phénomènes ne sont parfois pas décidés en pleine conscience. Les hypothèses des influences économiques, culturelles et sociales ne suffisent pas à expliquer l'origine de nos agissements inconscients. Une instance psychique, autre que ces causes extérieures, fait donc de l'homme un être moins souverain, moins maître de lui-même, puisque parfois l'origine de ses actes, leurs accomplissements et leurs conséquences lui échappent, totalement ou en partie.
[...] Il nous arrive également de projeter sur d'autres personnes des pensées, des désirs que nous refoulons nous- mêmes. Enfin, les névroses qui s'expriment de façons variées et parfois insupportables, sont le signe de notre difficile rapport à la réalité. Par ailleurs, l'inconscient se manifeste également dans l'art et la littérature. En effet, en 1924, dans le Manifeste du Surréalisme, André Breton déclare que l'art doit jaillir de l'inconscient. L'artiste doit, selon lui, passer outre la censure imposée par la conscience afin de laisser libre cours à son imagination et accueillir les mots et les images qui lui viennent. [...]
[...] Il faut attendre Freud et le développement de la psychanalyse pour que l'hypothèse de l'inconscient prenne une réelle importance. Selon lui, on peut parfois ne pas savoir ce que l'on fait. Mais il assume un parti- pris rationaliste puisqu'il considère qu'il faut réduire le décalage entre notre identité apparente et notre identité réelle grâce à la psychanalyse, afin de donner plus de cohérence à notre existence consciente. [...]
[...] Cette connaissance ne permettrait-elle pas justement de devenir plus conscient de ce que l'on fait ? Dans le Monde de Sophie, Jostein Gaarder compare la psychanalyse à une archéologie de l'âme Selon lui, cette science, dont l'objet est l'étude de l'inconscient, permet aux patients de faire resurgir des expériences qui ont un jour provoqué des souffrances chez ces individus et qui ont, de fait, été refoulées. Le rôle de la psychanalyse est donc précisément de faire ce travail d'anamnèse, de remémoration, en mettant en forme verbale ces affects douloureux afin que le sujet en prenne conscience et les dédramatise. [...]
[...] Freud appela cette dernière notion, le Sur-moi. Si tous nos désirs ne peuvent s'accomplir et sont donc refoulés, ils ne disparaissent cependant pas pour autant et restent très actifs. Ils vont en effet resurgir et s'accomplir d'une autre manière, en évitant la barrière du Sur-moi. Ce retour du refoulé est alors à l'origine de nos agissements inconscients, manifestations de nos désirs refoulés. Ces actions inconscientes, ayant pour origine la pression des pensées refoulées pour atteindre la conscience, peuvent se manifester de multiples manières. [...]
[...] Peut-on ne pas être ainsi conscient de certains de nos actes ? Voilà mes jambes qui me poussent ! Sûrement un dieu me conduit s'écrie Ajax dans l'Iliade. Homère évoque ainsi à travers le personnage du héros grec, une force inconnue qu'il attribue à un dieu, mais que Freud appela, au début du XXe siècle, l'inconscient. Pour celui-ci, l'homme ne peut être purement rationnel, car bien souvent ce sont des impulsions irrationnelles, expressions d'instincts et de désirs profonds tels que la pulsion sexuelle, qui déterminent ce que nous pensons, rêvons ou faisons. [...]
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