Si, au quotidien, notre langage commun, dans son plus simple apparat, semble ne traduire que nos contenus conscients les plus immédiatement accessibles, l'examen de notre mode d'expression le plus courant et sa pratique philosophique semblent révéler une relation bien plus fructueuse qu'on ne l'imagine entre cet instrument, le langage, et la pensée.
La question telle qu'elle nous est posée suppose l'existence d'un lien entre pensée et langage. Mais alors, qu'elle est la nature de ce lien : le langage est-il subordonné à la pensée ou inversement, la pensée au langage ?
Et si ce lien existe, alors, y a-t-il une quelconque influence de l'un sur l'autre ? De plus, notre langage commun, s'il est véritablement condition de notre possibilité de penser, se suffit-il à lui-même dans son expression la plus courante et, sinon, qu'elles en sont les alternatives ?
C'est à travers l'examen de tous ces questionnements que nous tenterons, en tâchant de donner le plus de clarté possible à notre pensée, de répondre de l'importance du langage dans l'élaboration de la pensée.
[...] On peut se demander, en effet, si la technicité du langage scientifique ne relève pas seulement d'un aspect pratique, quand on voit jusqu'où les écrivains, qui se doivent nécessairement d'être intelligibles, parviennent par le langage à faire tomber les barrières de notre imagination et à faire naître en nous tant d'émotions. C'est qu'Hugo, Maupassant ou Zola, préfèrent à la promptitude du vocabulaire spécialisé la profusion offerte par le langage généraliste, alliés aux figures de styles et autres effets littéraires. Et c'est bien ce qui nous émerveille tant en littérature : d'être interpellé, au plus profond de notre âme, par des énoncés, certes riches, mais compréhensibles par tous. [...]
[...] La complémentarité du langage avec la pensée, l'un servant l'autre et vice versa, lie ces deux éléments au point que l'exercice de l'un ne puisse être dissocié de l'exercice simultané de l'autre. Néanmoins, pour penser au sens philosophique du terme ou penser dans la complexité, le langage commun n'est pas suffisant et demande à être enrichi par une maîtrise plus complète de la langue. [...]
[...] De plus, considérant que ces deux éléments permettent le partage de la pensée, au travers de la discussion ou du débat, on peut dire que le langage, plus qu'un simple traducteur, a également pour fonction d'enrichir la pensée en la nourrissant des énoncés étrangers aux nôtres. Néanmoins, s'il est vrai que la pensée et le langage couplé offrent d'infinies limites à l'élaboration et la diffusion de la pensée, le langage commun se suffit-il à lui-même pour accéder à tous les énoncés ? II Le langage se suffit-il à lui-même ? A/Le problème des jargons Cette interrogation à propos de notre langage commun, quotidien, qui n'exploite qu'une infime partie des possibilités de notre système linguistique, nous semble devoir être posée. [...]
[...] III De l'utilité de la maîtrise de la langue dans l'élaboration de la pensée Le développement de son langage personnel comme accès au monde des idées Si le langage commun freine l'élaboration d'une pensée claire et distincte la réponse à ce problème tient à la nature même du lien qui unit pensée et langage. En effet, comme nous l'avons évoqué, pensée et langage entretiennent une relation de complémentarité. Et l'expérience de penser et de tenter de mettre des mots sur ses pensées, sur nos émotions ou encore sur nos états de conscience nous fait savoir que le langage enrichi cette pensée, la développe mais, surtout, la rend diffusable, partageable avec tous. [...]
[...] Ils considèrent ainsi qu'il n'importe pas tant, en politique mais aussi plus généralement quand l'on tente de convaincre quelqu'un, d'avoir raison que de persuader son interlocuteur que l'on tient la vérité. La philosophie des sophistes nous montre ainsi à quel point l'enrichissement du langage et de la pensée, qui vont de pair, offre des possibilités à priori insoupçonnables sur la pensée des autres, en termes d'emprise et de manipulation, ce qui a au moins le mérite d'attester de la force de l'indissociable couple pensée-langage. Le lecteur aura compris, au terme de ce devoir, que penser sans langage est tout bonnement impensable. [...]
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