Nietzsche rappelle qu'avec la modernité : 'Dieu est mort'. Ce n'est plus Dieu qui a crée l'homme mais bien l'homme qui a crée Dieu. Il y a donc un refus qu'il y ait du 'sens donné d'en haut' ou plus exactement 'd'ailleurs'. La mort de Dieu ou des dieux répond alors à la naissance de la Modernité. Cette dernière n'a eu de cesse de chasser les dieux du lieu qu'ils occupaient. Ainsi, tout retour du religieux signerait l'échec même de la Modernité qui est née de ce rejet du religieux et de la transcendance comme vecteur de sens pour les hommes. La Raison doit remplacer le religieux. La lumière ne vient plus de Dieu mais des hommes. Désormais les hommes sont seuls à distribuer du sens. Mais l'existence des Dieux ne garantissait-elle pas celle des hommes ? En ce sens, tout retour marqué du religieux signifierait l'échec patent de la Modernité et de la raison comme porteuse de sens
[...] La réinterprétation de la Modernité permet alors de déceler la source du religieux et de comprendre les mutations qu'il a subies. L'exigence d'autonomie ne supprime pas la notion de sacrifice, ni celle de transcendance. Simplement, elle implique une humanisation de la transcendance et par la même, non pas l'éradication, mais plutôt un déplacement des figures traditionnelles du sacré. Le religieux n'a donc jamais disparu. Au contraire, ses valeurs n'ont jamais été aussi présentes et vives qu'aujourd'hui. La période actuelle représenterait même un accomplissement du religieux car les valeurs qu'elle promeut, n'en déplaise aux franges " religieuses " les plus extrêmes, s'accomplissent enfin sans douleur et sans contraintes. [...]
[...] Cet échec permet par suite un véritable retour du religieux. Depuis environ trente ans, le retour du religieux s'est également accompagné d'une atomisation du champ religieux. B.Badie montre bien le caractère transnational de l'identification religieuse. Cette dernière définit alors un lien d'allégeance face à des Etats déficitaires. Le renouveau du religieux s'effectue alors sur les ruines de la Modernité et la laisse seule face à ses échecs. Jean Paul II rappelle d'ailleurs l'impossibilité pour la conscience de se présenter comme une source autonome et exclusive pour décider de ce qui est bon ou de ce qui est mauvais, car la vérité ne peut jaillir que de la loi divine transcendantale. [...]
[...] L'homme privé de valeur, de normes transcendantales, venues d'en d'haut, se serait avéré incapable de créer de nouvelles normes. Le monde sans le religieux est un monde vide de sens où les hommes se retrouvent en terre hostile. Cet échec de la Modernité va alors permettre un retour du religieux. Dans sa vengeance, le religieux aura même tendance à revenir sous ses formes les plus extrêmes. Après avoir tué dieu, l'homme n'a pu le remplacer. Cet échec prépare le retour du religieux. [...]
[...] A cet égard, le XXème siècle en Occident est marqué par un recul fort du religieux et de la pratique religieuse. Cette dernière est aujourd'hui plus vue et considérée comme source d'obscurantisme que comme source de lumière. La Raison a investi le champ de la morale autrefois conduite par le religieux. Ce phénomène est très clair au début du siècle avec la volonté ferme de supprimer toute fonction d'éducation au religieux. A la place, la République met en œuvre une Education Nationale laïque avec de nombreux cours de morale Pour vaincre le religieux et pour pouvoir exister, la raison a donc tenté de tuer Dieu. [...]
[...] Leur objectif : tuer le religieux et donc empêcher tout retour de ce dernier. La survie même de la modernité dépend de sa capacité à éradiquer le religieux de la sphère publique. L'ensemble des normes transcendantales et verticales (venant d'en haut) sont remplacées ou plutôt revisitées par le prisme de la raison. Ainsi, la Modernité n'empêche pas la pratique religieuse (dans le privé) mais cette pratique n'est désormais plus le vecteur unique et commun porteur de sens. Plus encore, toute personne se doit de se questionner sur sa foi en s'aidant de sa raison. [...]
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