Peut-on à la fois être ignorant et sage ?

Résumé du document

Peut-on à la fois être ignorant et sage ? Si la question se formule en ces termes c'est que les deux notions semblent de contredire, former un paradoxe.
De l'Antiquité grecque à nos jours, les philosophes ont toujours recherché la sagesse. Philosophie vient d'ailleurs du mot grec « philosophia » qui signifie « amour de la sagesse ». On comprend donc pourquoi la sagesse est dans toute philosophie, un idéal à la fois théorique et pratique, de perfection intellectuelle et morale dont la connaissance est une condition nécessaire, dans le but d'une bonne conduite de vie.

La sagesse exprime aussi une notion d'équilibre de la personnalité qui incite à agir après réflexion et avec modération, prudence. Même si la sagesse paraît s'opposer à l'ignorance par nécessité de la connaissance, les différentes conceptions philosophiques de la sagesse permettent de nuancer cette constatation.

Extraits

[...] Où se situe donc la sagesse par rapport à l'ignorance et au savoir ? Appuyons-nous sur l'enquête menée par Socrate pour attester ou non la déclaration de l'oracle de Delphes, la pythie qui avait affirmé que Socrate était l'homme le plus sage de son temps Si la sagesse est la capacité de trouver la vérité, Socrate lui, pense que tous les hommes possèdent en eux cette capacité mais la plupart l'ignorent et se considèrent alors comme ignorants. A l'inverse, certains prétendent disposer d'un savoir mais celui- ci n'est pas toujours fondé et pourtant ils se considèrent comme sages car ils se croient savants. [...]

[...] L'excès peut-il alors nous détourner de la sagesse ? Des connaissances poussées dans un domaine en particulier nous éloignent dans une certaine mesure de la sagesse dans le sens où une spécialisation dans un domaine s'opère au détriment des autres matières d'études. Dans ce cas, le savoir ne s'applique qu'à un domaine seulement et ne concerne plus toutes les choses que l'homme peut savoir qui était selon Descartes une preuve de sagesse. La recherche de la gloire ou de la réputation par le biais de la connaissance détourne également de la sagesse car la recherche de la vérité s'effectue dans ce cas plus dans le but d'améliorer la vie de la cité. [...]

[...] Nous répondrons donc à la question en étudiant la position de la sagesse par rapport à l'ignorance et au savoir. La sagesse se rattache étymologiquement au latin sapentia et signifie ainsi intelligence, savoir, science, jugement et prudence. La sagesse est en effet un idéal intellectuel et moral dont la connaissance est la condition indispensable. Cette connaissance s'applique à deux types de sciences : les sciences rationnelles qui regroupent les connaissances acquises par démonstration, par observation ou par expérience et les sciences humaines qui concernent l'étude de l'homme du point de vue mental, social, elles s'expriment ainsi par l'étude de la psychologie et de la sociologie sous différentes formes. [...]

[...] Où situer la sagesse par rapport au savoir et à l'ignorance ? En effet, la sagesse se conçoit en grande partie par une parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme peut savoir Pourtant, la sagesse ne peut être forcément attribuée au savoir car seul un ensemble de connaissances ne peut constituer la preuve irréfutable d'une sagesse. Par exemple, une personne peut présenter des connaissances très approfondies dans un domaine mais cela ne garantit en rien que cette personne est sage dans le sens où elle arrive à discerner la vérité du préjugé ou de la croyance. [...]

[...] L'ignorance évoque ainsi l'absence de connaissance mais elle peut aussi être conséquente des croyances : l'ignorant croit avoir des connaissances mais il s'avère que ces prétendus savoirs ne sont en réalité que des croyances car ils n'ont été ni démontrés, ni vérifiés. Par conséquent, sagesse et ignorance semblent se contredire dans leur sémantique même : être sage implique une certaine conduite de sa vie, or on ne peut bien mener sa vie en étant ignorant, car cela signifierait prendre des décisions en se référant à des croyances et donc à des préjugés. Cette conception de la sagesse l'éloigne fortement de l'ignorance mais peut-on en déduire qu'elle la rapproche du savoir ? [...]