« On ne peut faire le bonheur des gens malgré eux », dit le proverbe, ce qui présuppose que, sans être une affaire strictement privée, il y a dans la construction de son bonheur quelque chose qui ne peut en rien venir de l'extérieur. Le bonheur est affaire de volonté, de réflexion, fruit d'un long exercice que personne ne peut faire à ma place. Toutefois, peut-on faire le bonheur de quelqu'un sans qu'il le veuille lui-même ? Ou qu'il ne veuille pas être heureux ? Si le bonheur est lente élaboration liée à la réflexion, il semble difficile, simplement, de faire le bonheur de quelqu'un : on peut lui faire plaisir, tout au plus. Mais si autrui veut être heureux avec nous et par nous, le bonheur est affaire commune. Faire le bonheur des autres malgré eux semble dès lors impossible, en ce que le bonheur semble tout autre qu'un état passager et plaisant, mais relève bien d'une édification réfléchie : comment donc serait-il possible dès lors de faire le bonheur des autres malgré eux, alors que tout semble indiquer qu'on ne peut faire que le sien propre, et dans l'incertitude la plus grande?
[...] Peut-on alors faire le bonheur des autres ? Le bonheur n'est-il pas une affaire privée que seul moi peux atteindre ? Il semble en effet que celui qui dit : Il ne connaît pas son bonheur et entreprend ainsi le projet de le rendre malgré lui heureux est celui qui juge que c'est le bonheur. Toute personne privée d'une chose pense que cette chose qu'il ne possède pas est le bonheur. Le bonheur semble donc être une notion qui change selon les êtres humains et qui change selon les moments. [...]
[...] Autrui n'a-t-il donc aucun rôle dans mon bonheur ? Il apparaît que le propre du bonheur est que c'est un état, contrairement au plaisir, qui suit une privation. Il ne semble ainsi pas avoir de réflexibilité. Rousseau encore donne l'exemple de l'enfant qui vit un bonheur immédiat. Ce bonheur n'est pourtant qu'un bonheur sans conscience. Ce n'est que plus tard que cet enfant plus grand ressentira de a nostalgie par rapport à ce moment. Il semble donc qu'une distanciation par le temps soit nécessaire pour me rendre compte de ce bonheur passé. [...]
[...] Les autres sont ainsi une sorte de déclencheur à mon bonheur : ils font ainsi mon bonheur malgré eux. C'est en ce sens que Rousseau écrit que le sauvage vit en lui- même alors que l'homme social toujours hors de lui ne sait vivre que dans l'opinion des autres. Puis-je être responsable de mon bonheur ? Le bonheur dépend-il de ma volonté ? Afin d'être heureux au présent et pas au passé ; Descartes explique que nous devons passer du bonheur au contentement. [...]
[...] Il faut savoir faire un calcul. " A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage résultera-t-il pour moi si je le satisfais, et qu'arrivera-t-il si je ne le satisfais pas ? " Pour ce qui est des désirs vains, il faut les fuir comme la peste et s'en débarrasser. Ils nous entraînent dans des poursuites imaginaires, ils engendrent des souffrances sans nombre et donc le malheur. Il faudra refouler ce genre de désirs afin de trouver la félicité. [...]
[...] Les autres semblent par conséquent incapables de faire mon bonheur dans la mesure où ils sont eux aussi face à l'extérieur que premièrement je suis pour eux, et secondairement à l'extérieur sur lequel ils n'ont aucun pouvoir. Chacun n'a-t-il en effet pas sa propre idée du bonheur ? Le bonheur semble être une impossible totalité dans lequel trop de facteurs rentrent en jeu. Autrui ne semble pas pouvoir faire mon bonheur malgré moi dans la mesure où je suis seul à savoir ce qui fera de moi un homme heureux ou pas. Je me mets alors à penser sur ce qui me rendra heureux. [...]
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