Être libre, c'est jouir de la liberté ou de certaines libertés. Se demander si l'on peut-être plus ou moins libre ne revient pas à se demander si l'on peut avoir plus ou moins de libertés, au pluriel. Ici, il n'est pas question des différentes libertés (expression, pensée, réunion…) mais de la liberté. Par conséquent, il s'agit de se demander si cette liberté, au singulier, peut se penser en termes de degrés. Est-il possible d'établir une hiérarchie continue du plus asservi au moins asservi, de l'esclave au maître ? Ou bien existe-t-il une servitude absolue et par conséquent une absolue liberté ? Peut-on dire qu'il n'existe de liberté qu'absolue ? Cette question ne cesse de rencontrer une autre question celle de la définition de la liberté. La question des degrés de liberté pourrait-être envisagée différemment suivant la définition que l'on donne au terme de liberté, dès le départ.
[...] La question de l'existence ou non de degrés de liberté renvoie ainsi directement à deux conceptions radicalement opposées de la liberté, deux conceptions qui se séparent dès les présupposés et se développent ensuite chacune séparément selon une logique différente. [...]
[...] Peut-on dire qu'il n'existe de liberté qu'absolue ? Cette question ne cesse de rencontrer une autre question celle de la définition de la liberté. La question des degrés de liberté pourrait-être envisagée différemment suivant la définition que l'on donne au terme de liberté, dès le départ. Il est courant de hiérarchiser les régimes politiques ou les situations selon la liberté qu'ils permettent. Ainsi il apparaît comme admis qu'un esclave jouit de moins de liberté que son maître qui lui-même jouit de moins de liberté qu'un souverain De même, la tyrannie offrirait moins de liberté que la monarchie absolue qui offrirait moins de liberté que la république Il semble donc que l'on puisse de cette façon jouir de plus ou moins de liberté, être plus ou moins libre. [...]
[...] Les lois ne peuvent pas totalement assujettir l'homme et être absolument respectées. Une des premières caractéristiques de la nature humaine correspond en effet au désir de rester en vie. Il n'y a aucun fils de famille, aucun esclave, aucun sujet que les menaces du père, du maître ou du magistrat empêchent de faire absolument ce qu'il veut pour préserver sa vie ou sa santé, explique Hobbes. En dernier recours, tout individu reste maître de lui-même et les lois civiles restent soumises aux lois de nature. [...]
[...] Peut-on alors encore parler de liberté ? Pour Hobbes, cette idée de liberté absolue n'a strictement aucun sens : l'absence de lois renvoie directement à l'absence de société donc à l'état de nature selon Hobbes, c'est à dire l'anarchie, la guerre civile. La société est justement instituée par les hommes pour quitter cette funeste liberté de l'état de nature, où, en réalité, leur liberté est quasiment inexistante puisque sans cesse limitée par la puissance des autres. Cette première définition courante de la liberté est ainsi réfutée par Hobbes en même temps que l'idée de l'existence possible d'une liberté absolue. [...]
[...] Selon le modèle de Rousseau et selon sa définition strictement morale de la liberté, il ne peut exister de liberté qu'absolue et de servitude qu'absolue. Pour concevoir des degrés de liberté, il faut envisager la liberté sous un angle physique comme le fait Hobbes. Dans ce cas là, il est possible d'être plus ou moins libre. Mais en changeant totalement de présupposés, en considérant la liberté non plus sous un angle physique, mais sous un angle moral, comme une capacité humaine, la servitude et la liberté deviennent deux termes contradictoires ; il est alors strictement impensable d'être plus ou moins libre. [...]
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