L'injustice apparaît aux yeux de tous comme une évidence, car notre monde semble profondément marqué par des injustices criantes. Et le sentiment d'injustice permet à tout un chacun d'appréhender par sa sensibilité certaines choses qui se passent dans notre société telles que les inégalités, les erreurs judiciaires, les situations tragiques, les personnes injustes… Le problème est de savoir s'il est possible d'être juste indépendamment du contexte dans lequel on vit, mais également s'il est souhaitable de camper sur une position difficile à assumer. En général, on considère un homme qui respecte à la fois le droit, l'égalité et l'équité. On a tendance à penser que si un homme est juste par nature, alors il le restera, peu importe la nature du monde qui l'entoure. Mais dès lors que l'on prétend que le monde extérieur peut influencer notre attitude, alors que le fait d'être juste relève non plus de la nature, mais bien de la culture. Trouve-t-on vraiment un intérêt à être juste dans un monde où l'injustice est omniprésente ? Cette question présente des enjeux essentiellement pratiques en rapport avec les domaines juridique, moral et social.
[...] Dans de telles conditions, le fait de chercher à rester juste devient une exigence morale et une fin en soi. Dans un monde où règne l'injustice, la tentation serait plutôt de faire comme tout le monde et d'adopter à son tour une attitude injuste. Les hommes ont souvent un comportement grégaire et mimétique, c'est-à-dire qu'ils reproduisent ce que font les autres avec une forte tendance à suivre le mouvement. Dans la vie, chacun peut être tenté par de petites injustices. [...]
[...] Les hommes ne trouvent peut-être pas un intérêt particulier à être justes, mais il est évident qu'il existe un intérêt général à la justice. Le rôle de l'institution judiciaire est justement d'être juste dans un monde rempli d'injustices. Être juste pour l'institution judiciaire passe par les jugements équitables qu'elle est censée fournir comme réponse aux litiges ou aux injustices commises. Elle vise dans son action le rétablissement de l'ordre et par là même le bien commun de la société. Lorsqu'un acte injuste est fait alors l'ordre social est rompu, c'est pourquoi il doit être rétabli. [...]
[...] Au nom des valeurs qu'il défend, Kaliayev affirme qu'il n'est pas possible d'être injuste dans un monde déjà injuste sous prétexte d'un monde plus juste et meilleur dans le futur. La position du juste face au monde injuste est difficile, mais elle se renforce à mesure que ce dernier accomplit des actions justes et devient alors de moins en moins dure à assumer. On peut être juste dans un monde où règne l'injustice à condition de le vouloir fermement. La volonté joue un rôle fondamental dans la détermination de l'attitude que chacun choisit d'adopter à partir du moment où on ignore les influences extérieures. [...]
[...] D'autant plus que dans la vie, de nombreux phénomènes ne dépendent pas de la volonté humaine. Tel est le cas de la mort par exemple, le juste n'est pas épargné par celle- ci, et il peut même mourir injustement. C'est ainsi que Socrate, considéré comme étant le juste par excellence par son disciple Platon, est condamné par la cité à boire la ciguë. Après la mort, le juste ne peut qu'espérer que son âme serait sauvée et qu'il aurait une vie meilleure dans l'au-delà. [...]
[...] Mais cette option ne fait au final qu'empirer les choses. Il faut donc garder cette exigence morale qu'est la justice comme fil conducteur dans la vie et ne pas se résigner devant le constat de tant d'injustices. Il faut s'opposer intelligemment à l'injustice par un comportement digne et respectable. Même si on ne peut atteindre un monde parfaitement juste, il faut toujours se battre au nom de valeurs et de convictions justes. Sinon, le monde court à sa perte et au chaos. [...]
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