Philosophie, peut-on être insensible à l'art, chef-d'oeuvre, Platon, Notre Dame de Paris, l'art révèle la vérité, idéal artistique, Kant, autodafés, Heidegger
L'art, ce talent visant un idéal artistique, a souvent été cantonné à sa fonction esthétique. Pourtant, l'art, défini prioritairement comme ce qui est beau a une nature plus contradictoire qu'il n'y paraît. En effet, Socrate y voit un ennemi de la Cité. Kant un chef-d'œuvre qui plaît universellement et Heidegger la vérité se mettant elle-même en scène. Mais l'art, sous toutes ses formes, irrigue la société qui le produit et révèle ses valeurs, ses tensions et ses failles. Est-ce à dire qu'au-delà de sa fonction esthétique, l'art aurait un rôle politique à jouer dans une société? Mais qu'en est-il de l'indifférence que l'art suscite parfois?
[...] Il est possible d'être insensible à l'art si on le réduit à « ce qui est beau » A. Un individu peut rejeter une œuvre d'art sous prétexte qu'elle le laisse indifférent Même si certains chefs-d'œuvre, comme les 7 merveilles du monde, mettent tout le monde d'accord sur leur beauté, ce n'est pas le cas de toutes les œuvres. Il est admis que la notion de beauté est subjective, c'est pourquoi il est parfaitement possible qu'une œuvre laisse indifférent l'observateur qui la contemple. [...]
[...] Quand l'art révèle la vérité, il est impossible d'y rester indifférent A. L'art a une fonction noble qui ne laisse jamais indifférent : véhiculer des idées Le fait même que la Pyramide du Louvre ait été décriée par la presse et une partie de la population lors de sa construction est une preuve que l'art ne laisse jamais indifférent. C'est même quand il déplaît le plus qu'il remplit le mieux sa fonction première : dire la vérité et interroger la société sur des questions qui le divisent. [...]
[...] Au final, l'art véhicule des idées que les plus grands censeurs craignent de voir propager. C. L'art ne laisse jamais indifférent puisque les idées qu'il véhicule aident à changer en profondeur les mentalités L'art n'est donc pas un sous-domaine de l'activité humaine qui n'intéresse que les artistes. Il irrigue la société toute entière avec ses idées souvent avant-gardistes, et touche toutes les classes sociales quand il est « la vérité se mettant en scène elle-même[4] », selon la définition même d'Heidegger. De nombreux exemples peuvent être cités, comme le fameux article de Zola intitulé « J'accuse », qui dénonçait le rôle important que joua l'antisémitisme dans l'affaire Dreyfus, et qui permit à lui seul de faire évoluer la société française. [...]
[...] C'est bien la preuve qu'une partie de la population assimile l'art à un luxe onéreux. Or si tout le monde n'a pas partagé la « douleur patrimoniale » de perdre Notre Dame, c'est bien que l'art ne soit pas, comme le dit pourtant Kant, « ce qui plaît universellement sans concept [3]». Pire : si on se contente de croire que l'art n'a qu'une fonction esthétique, son utilité même finit par être remise en cause. Mais l'art n'a-t-il qu'une fonction esthétique ? En effet, la définition esthétique de l'art est beaucoup trop réductrice. [...]
[...] L'art, jugé inutile, peut laisser indifférent le plus grand nombre Mais quelle fonction remplit l'art dans la société ? Si l'art n'est que synonyme d'esthétique, alors son rôle reste minime et on peut comprendre qu'il soit rejeté par la plus grande partie de la société. Rappelons la mauvaise réputation dont bénéficiaient les acteurs en France au 17em siècle. Ils étaient alors traités de « saltimbanques » et Molière lui-même, après sa mort, eut des difficultés pour obtenir une sépulture chrétienne à cause de son métier. [...]
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