En premier lieu, il s'agit de se demander si l'homme non citoyen existe, et si cet homme non citoyen est vraiment un homme. Considérons l'homme à l'état de nature. Dans son Traité Politique, chapitre 2, Spinoza nous explique que « tout ce que chaque homme fait d'après les lois de sa nature, c'est par le droit suprême de la nature qu'il le fait, et il a autant de droit dans la nature qu'il vaut par la puissance ». Ainsi règnerait la loi du plus fort et l'homme serait assimilé à un animal dépourvu de raison, n'agissant qu'en vue de satisfactions élémentaires. Cet homme indépendant de tout contexte politique, n'appartenant à aucune réelle société, ne serait alors pas considéré comme un homme. Il semblerait que cet homme à l'état de nature, ne puisse pas s'épanouir sans civilisation et sans notion de citoyenneté (...)
[...] Pascal décrit l'homme comme un roseau pensant un être fragile mais admirable par la pensée qu'il forme. Par ailleurs, une citoyenneté complètement conçue supposerait que chaque citoyen soit bien perçu d'un point de vue universel (sans tenir compte de son origine, de sa classe sociale, de sa race . ce qui relèverait presque de l'utopie. Cela suscite alors un questionnement : l'homme se réalise-t-il au sein d'une société lui donnant le statut de citoyen ou l'homme accompli serait-il un état préalable pour acquérir celui de citoyen ? [...]
[...] Cependant, si l'homme renonce à ses désirs au profit des autres, cela s'oppose-t-il à son épanouissement ? Qu'en est-il des citoyens vivant sous un régime tyrannique ou totalitaire ? Dans ces conditions, l'idéal serait alors de concevoir une société qui puisse concilier les attentes de chaque citoyen de façon à ce que chacun, en suivant ses propres lois, suivent les lois des autres. Il s'agit ici de savoir si l'obéissance à un pouvoir politique extérieur est toujours garante de liberté. [...]
[...] Résistance et Obéissance, voila les deux valeurs du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre ; par la résistance, il assure la liberté souligne Alain. Ainsi, ces deux valeurs, l'ordre et la liberté, seraient indispensables pour que la notion de citoyenneté soit profitable à l'individu et en fasse un véritable homme. Si le contrat social entre les hommes est respecté, Rousseau insiste toutefois sur le fait que cette citoyenneté peut être aliénante pour l'être humain : Si les abus de cette nouvelle condition (être citoyen) ne le dégraderaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti (état de nature), il devrait bénir sans cesse l'instant heureux qui l'en arracha pour jamais Ainsi, la citoyenneté est un avantage pour celui qui sait en tirer profit : tout simplement en gardant un esprit critique. [...]
[...] Dans ce sens, être citoyen ne serait alors absolument pas un chemin vers l'accomplissement de l'homme : les Résistants étaient pourtant des hommes à défaut d'être citoyens, il semblerait donc que l'on puisse ici être homme sans être citoyen. Faut-il donc nécessairement se soumettre au pouvoir politique ? Pour que l'homme puisse d'abord apprendre à exercer sa liberté, et pour que le droit rendre possible une autonomie générale, il est alors nécessaire que ses limites soient fondées sur le droit de nature, appartenant à la législation de la raison, indépendamment de l'arbitraire du souverain. [...]
[...] Si les hommes savaient naturellement être justes entre eux, la notion de citoyenneté n'aurait sûrement pas été inventée : pourtant, dans les sociétés acéphales, il n'y a pas de juges, donc pas de concept de jugement Cependant, il y a des autorités qui tiennent leur pouvoir des puissances spirituelles ou religieuses : le jugement de Dieu est seulement une manifestation de force. Ainsi, paradoxalement à ce qui précède, il semblerait que le non citoyen soit un homme, qui puisse alors s'épanouir à travers une religion et à travers autrui, en respectant des règles de vie commune, qui ne sont pas des lois et qui distinguent cet individu du citoyen. Ces hommes sauront restreindre leurs envies personnelles au profit des autres, grâce à leur foi. Ces sociétés, très peu répandues dans le monde, restent toutefois assez utopiques. Finalement, comme le développe A. [...]
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