Est-il possible d'être à la fois ignorant et sage ? Par leurs définitions même la sagesse et l'ignorance sont deux vertus contradictoires et antinomiques ; la sagesse étant souvent assimilée à la fois à la Raison et au Savoir alors que l'ignorance est justement l'absence de raison et de savoir. Cependant il existe plusieurs types de sagesse ainsi que plusieurs types d'ignorance qui eux, peuvent parfois être complémentaires… De plus, il existe différentes manières d'acquérir de la sagesse. Au final, d'où provient la sagesse ? Est-ce une érudition, une connaissance savante et apprise ou au contraire une expérience, une connaissance du vécu ?
[...] Pour lui, nul s'il n'était Dieu ne pouvait prétendre au savoir absolu et universel qu'était la sagesse selon Aristote. Ainsi il existe une sagesse théorique (vision aristotélicienne de la sagesse) qui repose sur des connaissances concrètes et absolues du monde et une autre sagesse (la sagesse socratique) qui s'acquière par la raison et l'expérience de la vie et de l'enseignement tiré des expériences passées ainsi que par un mode de vie et un code de valeurs morales. Cependant, de la même manière que l'on a expliqué qu'il existait deux grands types de sagesse, il existe aussi deux grands types d'ignorance. [...]
[...] Or cette conduite émane d'une réflexion qui suppose au préalable une connaissance de ce qui est, de ce qui vaut, de ce qu'il faut faire et c'est là le premier sens de la sagesse dont l'étymologie nous ramène au latin sapienta qui signifie le savoir. Cependant il serait trop réducteur d'associer la sagesse uniquement aux sciences car les sciences ne mènent pas forcément à la sagesse. Pour Montaigne, un sage n'était pas un savant et la connaissance n'était pas pour lui synonyme de sagesse. [...]
[...] Le sage est sage car il a un code moral et des valeurs qui lui permettent de surmonter les vicissitudes de l'existence. C'est la vision socratique de la sagesse qui considère la sagesse plutôt comme un art de vivre avec des valeurs morales que comme une science théorique et absolue. Ici la sagesse et par delà, la philosophie de Socrate offre un apaisement intérieur et intellectuel plus qu'une réponse à une soif démesurée de connaissances. C'est une sagesse pratique fondée sur l'expérience et le vécu. [...]
[...] A l'inverse, un homme ne peut se prétendre sage s'il ne possèdes absolument aucunes connaissances, car pour toute sagesse qu'elle soit la conduite d'un homme sage passe d'abord par une réflexion préalable qui nécessite des connaissances de ce qu'il est, de ce qu'il faut faire et comprendre, et sans un minimum de savoir il ne peut exister aucune sagesse, même relative et partielle, car l'homme doit pouvoir connaître pour se forger sa propre opinion et par delà savoir affronter avec sagesse les aléas de la vie. Ainsi, l'homme peut être à la fois ignorant et sage si sa sagesse correspond à une vision sage du monde et à un code de vie ou ne peut absolument pas l'être si la sagesse correspond à une vision absolue de connaissances universelles. [...]
[...] Un homme peut donc être, selon la définition que l'on applique à la sagesse et à l'ignorance à la fois ignorant et sage. Car la sagesse en philosophie n'est que l'accomplissement de la perfection humaine, tant dans le domaine du savoir (theoria) que dans celui de l'action (praxis). Et ainsi, la sagesse regroupant, et la rhétorique, et le vécu, l'homme n'est sage qu'en fonction de son statut d'ignorance, qu'il s'agisse d'une ignorance crasse ou volontaire. [...]
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