L'humanité se définit par sa volonté de changement. D'aussi loin que l'on puisse remonter, l'homme a sans cesse désiré révolutionner les institutions alors mises en places, qu'elles soient politiques, sociales ou économiques. Supposant alors que la nouveauté passe par le dénigrement, voir parfois la négation –semblable au mouvement négationniste contre le génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale -, d'un passé qui contiendrait les raisons de leur mécontentement, cela indiquerait donc que le passé peut être déclaré mort. Or, il semble incontestable que la vérité sur la Shoah – pour continuer avec le même exemple –est désormais complètement révélée.
Ainsi, peut-on dire que le passé n'est jamais mort ? Évidemment, cette question suppose la capacité d'existence du passé dans le présent, et par la même occasion, dans le futur. Le passé aurait-il la capacité de survivre alors que de toute évidence son existence paraîtrait révolue ?
[...] Premièrement, un des aspects importants qui fait que le passé à sa place dans le présent est la mémoire de l'homme. En effet, bien que le passé s'apparente au néant (il concerne ce qui n'est plus, ce qui a cessé d'être), il pèse d'un poids important sur le présent, par les multiples traces qu'il inscrit dans la mémoire (individuelle ou collective) des hommes. On citerait d'abord l'Histoire, la science qui a pour sujet le passé des sociétés humaines, la connaissance et l'étude des événements passés jugés dignes d'être rapportés. [...]
[...] Ainsi, le présent serait complètement affranchi d'un quelconque passé, celui-ci devenant finalement un néant. Or, le présent ne peut naître du néant : il nécessite une origine. Ensuite, rendre le passé mort, en empruntant la conception qu'avait Freud, peut engranger une névrose chez le sujet. En effet, certains oublis sont pathogènes et se manifestent par un déséquilibre ou une maladie chez l'individu névrosé. Un passé oublié, outre qu'il prive le présent, et donc l'avenir, de repères et d'expériences, ne disparaît pas intégralement : il peut rester actif, c'est-à-dire, pathogène. [...]
[...] Tout d'abord, l'oubli du passé condamne à devenir ce que Jean Anouilh nomme un voyageur sans bagage c'est-à-dire un sujet sans expérience, incapable de maîtriser son présent. Ne pas oublier le passé, permet de l'analyser, c'est-à-dire d'en corriger les aspects négatifs et d'échapper à sa répétition. La perception du passé (ainsi que du présent et de l'avenir par la même occasion) appartient à l'humanité. L'oubli, à l'inverse, nous rapprocherait de l'animalité. Ainsi, notre humanité est relative à notre conscience et à notre propre saisie du temps qui passe. [...]
[...] A l'inverse, certains souvenirs peuvent être présents, au jour le jour, et être très encombrants. En premier, un souvenir malheureux, qu'on peut aussi nommer sous le nom de mauvaise conscience dans notre réflexion. Le souvenir du passé survient par la honte, les remords, des souvenirs gênants de comportements répréhensibles dont il semble difficile de se défaire. Le présent est alors perturbé : le sujet craint des reproches, des accusations, il est troublé dans ses pensées quotidiennes, ces pensées mêmes qui l'empêchent de dormir le soir venu. [...]
[...] Par conséquent, nous venons de démontrer que le passé n'est jamais réellement mort. Comme vu précédemment, par la mémoire collective l'histoire ou individuelle les souvenirs, les habitudes, le passé sont sans cesse ressassés. Que ce soit par l'étude de nos sociétés passées ou par nostalgie, les temps révolus sont sans arrêt rendus à l'instant présent. Cependant, n'existerait-il pas d'autres arguments ? Comme on peut le démontrer, l'esprit d'un individu est caractérisé par la mémoire. En effet, notre caractère, toujours présent à toutes nos décisions, à toutes nos actions, est la synthèse actuelle de tous nos états passés. [...]
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