Nous ne pouvons pas nier que notre culture se caractérise par un haut degré de développement scientifique et technique. Tout le problème est de savoir si cette affirmation nous autorise à dire que notre culture est supérieure aux autres.
Avons-nous le droit de considérer notre culture comme supérieure sous prétexte que son niveau scientifique et technique est élevé ? Ainsi, nous en venons au problème principal du sujet : quels sont les critères de hiérarchisation des cultures ? Une fois ces critères trouvés, avons-nous le droit d'en conclure qu'une culture est supérieure à une autre ? (...)
[...] La première définition anthropologique de la culture est élaborée par le Britannique Edward Burnett Tylor dans son ouvrage La Civilisation primitive (1871) : La culture, considérée dans son sens ethnographique le plus large, est ce tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l'art, la morale, la loi, la tradition et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une société La culture est ici envisagée comme regroupant tous les traits humains qui peuvent être transmis socialement et mentalement, plutôt que biologiquement. Il s'agit là de la culture comme synonyme de civilisation. Maintenant que nous avons défini cette notion de culture, comment pourrions-nous les hiérarchiser ? Quels pourraient être les critères de hiérarchisation ? Quels critères ? Et pourquoi notre culture semble supérieure ? Ces derniers peuvent être tout et n'importe quoi : nous pourrions en trouver plusieurs, mais certains semblent plus importants, et plus représentatifs que d'autres. Le critère nous venant facilement à l'esprit semble être le progrès technoscientifique. [...]
[...] Or, ils sont trop différents pour être hiérarchisés. En quoi le développement des sciences est-il supérieur à la connaissance de soi ou à la religion ? Ici on ne peut plus classer. Tout choix d'un critère sera arbitraire et toujours ethnocentrique. On juge par rapport à soi. Aucune société ne se développe seule Plus généralement, même si on s'en tient à un critère (que ce soit la science et la technique ou autre chose), il faut bien voir qu'aucune société ne se développe seule. [...]
[...] Une fois ces critères trouvés, avons-nous le droit d'en conclure qu'une culture est supérieure à une autre ? D'une part, la culture occidentale, d'un point de vue technoscientifique, est sans conteste supérieure à toutes les autres. Cependant, cet unique facteur ne semble pas être en mesure d'établir une supériorité culturelle, puisque bien d'autres critères peuvent être choisis. Ainsi, comme le montre Lévi Strauss, la hiérarchisation des cultures apparaît comme difficile, voire même impossible, du fait de la multitude des critères pouvant être considérés. [...]
[...] Par exemple, dans les pays développés, on ne meurt pas de faim (on y mange globalement mieux qu'ailleurs, parfois même trop). En troisième lieu, le développement scientifique et technique permet de protéger et de prolonger la vie humaine. L'espérance de vie est, elle aussi, un phénomène quantifiable et il est clair qu'elle est supérieure dans nos sociétés. Certes, on peut toujours mourir jeune mais globalement on vit plus longtemps ici que dans le tiers-monde. Le travail est moins pénible, la médecine plus présente et accessible à la grande majorité de la population. [...]
[...] Sous prétexte que nos sciences et nos techniques sont plus avancées, avons-nous le droit de considérer que notre culture est globalement supérieure aux autres ? Un élément de l'ensemble ne peut suffire pour conclure à la supériorité du tout. Ainsi, nous en venons à la conclusion qu'il ne faut pas se focaliser uniquement sur le progrès technoscientifique pour hiérarchiser les cultures : juger notre civilisation comme supérieure parce qu'elle est développée au plan scientifique et technique, c'est imposer notre critère d'appréciation, c'est faire de l'ethnocentrisme. [...]
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