La méconnaissance de l'objet désiré est fréquemment désignée comme un effet du désir. Il s'agit ici de se demander si elle peut susciter le désir.
Il est clair que l'ignorance absolue d'un « objet » ne peut faire naître aucune réaction : ce qui sera désiré doit être au minimum repéré, ne serait-ce que par son nom.
Si l'on ne désirait que ce que l'on connaît bien, le désir s'accompagnerait d'une lucidité complète, ce qui est loin d'être le cas général (...)
[...] En d'autres termes, le désir semble, par définition, ne pas s'accompagner d'une lucidité complète sur ses objets et sur leur nature. Peut-on aller jusqu'à considérer que cette méconnaissance le conditionne, et qu'il est possible de désirer ce qu'on ne connaît pas ? 2.1 Pas d'ignorance absolue DIVERSITE DU DESIR Que peut-il y avoir de commun entre l'argent, la gloire, une femme ou un homme, la philosophie, la connaissance, un jouet et une œuvre d'art ? Rien d'autre peut-être que leur capacité à devenir des objets de désir. [...]
[...] Si le désir ne s'orientait que vers ce qui est connu, l'homme serait limité à une sorte de confirmation statique du présent et de l'acquis : c'est son inscription dans une temporalité particulière qui détermine ainsi le mouvement vers l'inconnu de son désir. [...]
[...] Ne pas confondre ce qui provoque le désir et ce qui en constitue les effets. S'il peut se rencontrer parmi ces derniers une meilleure connaissance de l'objet satisfaisant, c'est que celui-ci a provoqué le désir sans être (bien) connu. Le désir prend des aspects multiples et porte sur des objets très différents : il convient cependant de ne pas limiter la copie à une suite d'exemples divers, dont il serait difficile de conclure quoi que ce soit La problématique Lorsqu'on définit le désir comme exprimant un manque ou une absence dans un sujet, cela n'implique pas que le sujet connaisse exactement la nature de ce qui lui fait défaut. [...]
[...] C'est bien en raison de la supposition de telles qualités que l'objet devient positif {cf. Spinoza) La connaissance et le désenchantement LE DESIR ENCHANTE LE REEL En supposant à ses objets des qualités, le désir enchante le réel, et ne peut esquisser qu'un bonheur futur, éventuellement proche, mais admis comme possible à atteindre LA POSSESSION RISQUE DE REVELER LE REEL Quand l'objet désiré est obtenu qu'il s'agisse d'un être, d'un statut social ou d'un véritable objet - il peut apparaître décevant, en révélant sa pauvreté réelle relativement aux espoirs qu'il suscitait. [...]
[...] On constate au contraire que ce qu'il connaît sert toujours de point de départ vers ce qu'il ne connaît pas encore (qu'il s'agisse de science ou de philosophie). Conclusion Le désir s'accompagne nécessairement d'une certaine ignorance de la réalité de son objet. Mais, loin d'être un défaut du désir, il s'agit là d'une conséquence d'une attitude constante de l'être humain, qui ne peut se limiter à ce qu'il possède (ou à ce qu'il connaît) et qui se trouve sans cesse porté vers l'inconnu, c'est-à-dire vers son avenir. [...]
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