D'un point de vue se situant du côté de l'opinion, de la doxa, nous pourrions penser que les choses qui sont les plus proches de nous, de nos sens, sont celles que nous connaissons le mieux. Nous les connaissons de façon empirique, de par notre expérience, mais les connaissons-nous véritablement?
Ce qui se trouve confronté à nos sens subit le changement, ces choses deviennent. Peut-on alors connaître ce qui devient? Qu'est-ce qui devient? Ce sont les choses en devenir, qui changent, mais cela présuppose qu'il existe quelque chose, qu'il y ait de l'être. En effet, pourrait-on dire que le néant devient? S'il devenait, s'il subissait un changement, quelque part il serait, donc que ce non-être soit de l'être ou que ce soit l'être qui devient, nous avons besoin de l'être pour penser le devenir. Cette question présuppose également que quelque chose devient, et ainsi qu'il y a du devenir, que le devenir est. Peut-on alors saisir l'être en devenir, peut-on connaître ce qui devient?
Pour l'examen de cette problématique, nous analyserons tout d'abord la relation entre l'être ou le devenir, puis entre l'être et le devenir, et enfin la position de l'être dans le devenir.
[...] Or, si l'être est, qu'est-ce qu'il est? S'il n'est rien que l'être, alors il n'est rien d'autre, rien ne lui est attribué, il n'est rien. L'être comme étant seulement être ne nous permet de dire quoi que ce soit à son propos, et l'on pourrait même parvenir à la conclusion contradictoire que l'être n'est rien, comme le fait Hegel contre Parménide. On ne peut alors connaître l'être, ni le devenir dans cette optique que vise la philosophie de l'être, ce qui pose le problème de l'exigence de raison. [...]
[...] Il faudrait alors connaître l'être pour connaître le devenir, qui ne nous intéresse pas en tant que pouvant nous apporter une connaissance. De plus, les choses en devenir peuvent être trompeuses, de par le fait qu'elles sont multiples, il serait ainsi risqué de nous y attacher pour savoir, pour accéder à une quelconque connaissance. L'on pourrait croire qu'il faudrait être au plus prêt du devenir pour le connaître, sous tous ses angles, mais il peut nous induire en erreur en trompant nos sens, et ainsi nous faire croire que nous le connaissons alors qu'il n'en est rien? [...]
[...] Pourrait-on alors encore parler de connaissance du devenir, si l'on ne peut rien poser? En effet, la connaissance implique une certaine science, un principe immuable. En définissant le langage comme n'étant pas capable de donner une teneur aux choses, on pourrait tout aussi bien aboutir à la conclusion que l'on ne peut rien dire, comme à celle que l'on peut tout dire, la première étant préférée par les sceptiques. Le langage du devenir aboutit eu problème de la science. En effet, il ne peut y avoir de science du devenir puisque celui-ci refuse toute fixation, tout principe. [...]
[...] Peut-on alors encore parler de science absolue? Peut-on considérer la connaissance de l'intelligible comme absolue? Il semble que ce savoir véritable n'est pas en mesure d'apprécier le savoir du sensible, et donc qu'il n'est pas absolu puisqu'il n'a pas la connaissance du devenir, qui pourtant existe et dont on peut en faire l'expérience. La relation entre l'être et le devenir en tant que transcendance et participation n'est donc pas satisfaisante pour connaître les choses qui deviennent. Ainsi, nous sommes amenés à entreprendre la relation entre l'être et le devenir comme étant l'être dans le devenir ; malgré les contradictions ; pour acquérir la connaissance du devenir ; et enfin pour en découvrir sa nécessité. [...]
[...] Le fait de se muer provient du fait de l'imperfection, sinon l'on aboutirait à la contemplation, ce que fait l'être véritable. Ainsi, il ne faut pas séparer, semble-t-il l'être et le devenir, le sensible de l'intelligible car en réalité l'être est compris dans les choses en mouvement, une substance reste. Le devenir suppose la substance comme support, substrat, de la même façon que le muable suppose quelque chose d'immuable. L'identité subsiste comme une antériorité nécessaire. Le mouvement est possible si quelque chose change mais il ne peut y avoir de changement sans le sujet du changement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture