Les valeurs éthiques ont-elles leur place dans le fonctionnement du marché ? Les lois
du marché peuvent-elles être au fondement d'une éthique, i.e. d'une détermination des choix à effectuer pour la collectivité ? Les « valeurs » du marché peuvent-elles espérer constituer la base d'un lien social ?...
[...] Or, la différence des préférences entre les individus est au principe du marché comme opérateur d'adaptation fine de la répartition des biens. Cette conception débouche sur une certaine vision de l'intérêt général comme le meilleur équilibre entre les préférences individuelles. Mais l'on voit alors comment la tradition contractualiste de la philosophie politique tourne le dos à cette conception de l'intérêt général. Dans la théorie du contrat, l'enjeu est bien de parvenir à discerner le bien commun en amenant chaque citoyen à s'abstraire de ses singularités personnelles qui n'ont qu'une valeur privée. [...]
[...] le fondement d'une vie en société, qui est remise en cause. Les règles éthiques telles que la transparence des comptes de l'entreprise, etc., sont une preuve des limites imposées par l'hypothèse de la rationalité des choix individuels. Le postulat de la rationalité ne permet pas d'aller au-delà d'une morale conséquentialiste qualifiée par Sen de morale du résultat ».Le simple jeu du marché est efficace pour réguler les préférences individuelles mais pas pour déterminer les choix collectifs (politique, éducation, santé) où il faut faire abstraction de ses préférences individuelles, qui sont à la base du fonctionnement (normal) du marché. [...]
[...] Nous voyons bien là que valeurs éthiques et valeurs économiques différent par leur nature du fait qu'elles différent par le processus de leur formation. Les valeurs créées par le marché ne peuvent donc en aucun cas constituer des valeurs éthiques applicables à d'autres champs de la société que le champ économique. Les arbitrages d'agents économiques n'engagent directement que les agents ici et maintenant, enregistrant les choix d'individus disjoints les uns des autres. Seule la constitution de communautés politiques, offrant un espace de délibération et d'auto- institution de la société par elle-même, peut valider les valeurs, principes et règles du juste, et ensuite leur donner une application pratique. [...]
[...] La position de Hayek est celle qui a voulu hisser l'économie au rang de science dure en s'intéressant aux faits sans considération de valeur. Les néo-classiques ne se désintéressent pas de l'éthique, ou plus précisément de la notion du juste, seulement pour eux une société juste est une société libre, c'est-à-dire une société où les individus jouissent d'une liberté négative presque absolue : les lois et règles ne sont là que pour empêcher les entraves à l'exercice de la libre volonté individuelle. [...]
[...] La deuxième notion importante du sujet est celle de marché. En se restreignant à une période contemporaine, il est possible de le définir comme un lieu d'échanges régis par la confrontation d'une offre et d'une demande autour d'un mécanisme quantitatif de prix, sous l'égide d'un équivalent général, la monnaie. Le marché semble donc pouvoir être envisagé comme un mécanisme, qui pourrait être étudié scientifiquement, ce qui l'éloignerait de la sphère de l'éthique L'hypothèse de la rationalité des individus et la maximisation de l'utilité personnelle : le marché neutre moralement Cette vision est celle des économistes classiques et surtout néo- classiques, en particulier Hayek et Friedman. [...]
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