S'il est propre à la condition humaine d'être confronté à la peur, la peur, par opposition à l'angoisse, qui n'en est qu'une manifestation somatique, est rationnellement rattachée à une cause : elle implique la plupart du temps une anticipation d'un déroulement attendu, dont les effets nous seraient préjudiciables, ou du moins inconnus, avec un aspect inéluctable, en ce sens que nous ne pouvons en aucun cas en modifier le cours. Ainsi une de nos peurs par excellence serait la peur de la mort, la peur des autres ou encore la peur de la nature. La peur est une forme de passion, en dépit de son origine rationnelle. En ce sens, il pourrait paraître absurde d'avoir peur de soi-même, dans la mesure où notre peur fait elle-même partie intégrante de notre subjectivité, et n'appartient donc pas à première vue à ce qui pourrait nous échapper, ou nous être hostile.
[...] Si la nature humaine est intrinsèquement mauvaise, on se persuade qu'une mise en commun des intérêts permettrait de la neutraliser, faisant dominer la partie calculatrice et raisonnante, comme le pensent des philosophes contractualistes come Hobbes. [...]
[...] Les attentes que l'on porterait à nos actions auraient donc toutes les raisons d'être des plus exigeantes. Tous ces différents aspects de la subjectivité nous font amplement comprendre dans quelle mesure elle est anxiogène, même si elle relève du domaine qui apparemment nous est le mieux connu, le plus familier. Nous pouvons donc dire pour conclure qu'il est possible voire naturel d'avoir peur de soi-même, avec ce que la subjectivité humaine peut impliquer, et qu'il existe même différentes formes de peur de soi, inhérente à notre subjectivité intrinsèque, ou aux conséquences de cette connaissance de soi. [...]
[...] Ainsi les anciens ont appris à se méfier de leurs passions. Mais il est même parfois question pour certains d'une nature humaine c'est-à-dire une forme primitive et brute de la subjectivité, qui serait bonne pour certains comme Rousseau, mauvaise pour d'autres, comme Hobbes Homo lupus homini l'homme est un loup pour l'homme Dans la République de Platon, Thrasymaque parle d'une nature humaine qui serait égoïste, et agirait naturellement de manière injuste, car la recherche la plus pure et la plus directe de son bien propre nuit à celui des autres. [...]
[...] Peut-on avoir peur de soi-même ? S'il est propre à la condition humaine d'être confronté à la peur, la peur, par opposition à l'angoisse, qui n'en est qu'une manifestation somatique, est rationnellement rattachée à une cause : elle implique la plupart du temps une anticipation d'un déroulement attendu, dont les effets nous seraient préjudiciables, ou du moins inconnus, avec un aspect inéluctable, en ce sens que nous ne pouvons en aucun cas en modifier le cours. Ainsi une de nos peurs par excellence serait la peur de la mort, la peur des autres ou encore la peur de la nature. [...]
[...] Cette peur du vide, en plus de notre connaissance de cette désunification du sujet, ne répond pas pour autant à la question de la peur de soi-même. En effet, se connaître parfaitement gnôthi seauton connais- toi toi-même est une devise des Grecs, ornant l'entrée temple d'Apollon), permettrait à première vue de pouvoir apprivoiser la peur de soi-même. Mais c'est la connaissance des possibilités ou plutôt des risques auxquels nous exposent ces parties de soi qui ne dépendent pas de la raison, qui nous confronteraient véritablement à la peur de soi. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture