Le poids du devoir, du remords, de la culpabilité peut facilement nous apparaître comme un fardeau qui nous empêche de vivre en paix, d'être libre de faire ce que bon nous semble sans être critiqués ou condamnés, et de jouir sereinement de nos actions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. En tant que contrainte lourde sur notre liberté d'action, la moralité peut être mal perçue et paraître comme une entrave rédhibitoire, insupportable, voire révoltante. A l'inverse, l'amoralité semble proposer des vues réconfortantes : pouvoir faire le bien et le mal sans s'en préoccuper, et sans la menace ou le sentiment de la « faute », peut être une perspective de soulagement et de liberté attrayante. Or le meilleur moyen d'« avoir la conscience tranquille », n'est-ce pas encore idéalement de supprimer la conscience, de s'en affranchir ? N'est-il pas possible de se libérer des préceptes moraux ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps des cas où il semble que l'on ait pu s'affranchir de la conscience morale, cas qui semblent indiquer que la conscience morale n'est pas inévitable et irrémédiable. Puis nous réfléchirons sur ce qu'est devenue cette conscience, et nous poserons la question de sa perversion et de sa permanence. Enfin, le dernier temps de l'analyse nous mènera à nous interroger sur les vices et les vertus de la conscience morale, pour évaluer les conséquences d'un potentiel « affranchissement », et la véritable signification d'un tel processus.
[...] Ces fous que sont les criminels pervers qui commettent des actes odieux sans y voir de problème sont marginaux, mais outre qu'ils perturbent l'ordre social, ils traumatisent l'opinion. La société les considère comme des fous, des psychopathes, c'est-à-dire comme des malades, irresponsables, qui ne peuvent répondre de leurs actes. Ils sont condamnés au nom de la société, mais ils sont souvent aussi internés, et peuvent recevoir des traitements médicamenteux et un suivi psychologique. La société les considère comme des êtres anormaux et malades mentaux Deuxième exemple : le criminel sans remords Le cas du criminel sans remords serait ici celui non pas d'un fou à proprement parler comme dans l'exemple précédent, mais celui d'un homme qui aurait commis un crime sans en éprouver de remords ni de regret, et qui affirme et revendique son acte comme un bien. [...]
[...] Il a en effet la notion de la justice, même s'il introduit des considérations manifestement égoïstes dans son approche de la justice, qu'il pervertit. En faisant abstraction de l'hypothèse psychologique selon laquelle il pourrait être de mauvaise foi, et en admettant qu'au fond de lui il n'a véritablement aucun remords parce qu'il est persuadé d'avoir bien agi, mais cela pose la question non plus de la conscience du bien et du mal, mais de la connaissance du bien et du mal : est-il possible d'avoir une connaissance de ce qui est absolument bien sans y mêler inconsciemment des intérêts personnels ? [...]
[...] Quelle dimension la conscience morale a-t-elle chez l'individu et quelle place conserve-t-elle chez les criminels ? 1. La conscience morale innée et universelle Pour autant il semble que nous ayons tous une conscience morale, c'est-à- dire une conscience du bien et du mal. Ces deux notions nous paraissent distinctes, théoriquement strictement opposées, proprement antithétiques, même si dans les faits et les situations concrètes de la vie même l'homme très moral ou une société éprise de justice peuvent avoir du mal à trancher et à savoir ce qu'il serait bien de faire et ce qu'il serait mal. [...]
[...] Ces quelques exemples semblent indiquer que l'on peut s'affranchir de la conscience morale, que ce soit parce que l'individu paraît totalement privé de cette conscience, parce qu'il a une conscience pervertie ou qu'il pervertit de lui-même es valeur en fonction de son intérêt, ou parce qu'il semble pouvoir momentanément être privé de sa conscience morale. Allons plus loin : est-ce que tout homme n'est pas susceptible d'agir et de penser indépendamment de la morale ? Pire encore : l'homme agit-il jamais de façon morale ? [...]
[...] Puis nous réfléchirons sur ce qu'est devenue cette conscience, et nous poserons la question de sa perversion et de sa permanence. Enfin, le dernier temps de l'analyse nous mènera à nous interroger sur les vices et les vertus de la conscience morale, pour évaluer les conséquences d'un potentiel affranchissement et la véritable signification d'un tel processus. I. De fait, il semble dans un premier temps qu'il soit possible de s'affranchir de toute conscience morale Pour voir s'il est possible de s'affranchir de toute conscience morale, étudions les cas et les situations où il semble effectivement, de fait, que l'homme agisse indépendamment des prescriptions morales de sa conscience, en un mot les conditions qui font que l'homme choisit de faire le mal et devient criminel Premier exemple : le fou sans remords Le fou sans remords est le cas, certes rare, mais typique de l'homme qui semble n'avoir aucune conscience morale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture