Religion, philosophie, abandon des croyances spirituelles, progrès politiques et sociaux, croyances superstitieuses, foi authentique, Durkheim, moralité humaine, Kant
Croire en une religion c'est avant toute chose accorder du crédit à un culte, à un mythe, à un rituel de façon à ce que l'existence de la divinité que ces pratiques honorent ne puisse être discutée. Le XVIIIème siècle a prôné l'abandon de la croyance religieuse en faveur des Lumières de la raison sous couvert du progrès. Abandonner les illusions de la religion, de la croyance, serait un pas en avant vers la vérité. La croyance entendue comme un mensonge, comme un voile qui recouvre la vérité des choses doit être délaissée pour la raison et pour la science. Cependant, ce que l'on considère souvent comme une avancée positive masque une béance. Si l'Homme a remplacé la croyance en la religion par le projet politique ou par la science, cela n'a été suivi que d'échecs avec par exemple la chute de l'URSS. Par-là, il s'agit de se demander si ne plus croire est un progrès. Si l'on accorde à dire que le dogme est néfaste, peut-on affirmer que ne croire en rien est un progrès ?
[...] Ne pas croire, c'est accepter que le monde n'ait pas de sens. Le Livre de l'Ecclésiaste présent dans L'Ancien Testament prend l'absence de sens du monde comme le point qui rend nécessaire la croyance religieuse. En effet, le monde n'est que vanité. Tout ce qu'on entreprend dans ce monde ne sert au fond à rien puisque nous n'emportons rien à notre mort. Le travail, la morale, la politique, tout n'est que vanité. L'Ecclésiaste va jusqu'à féliciter les morts d'être déjà morts. [...]
[...] Mais il admet que la religion est la condition sine qua non de la civilisation. Les croyances sont maladie féconde semblable à une grossesse. » Alors nécessairement, ne plus croire pourrait être une difficulté dans le sens où une perte des valeurs morales serait envisageable. Il semble en tout cas que l'absence de croyance ne soit pas un progrès absolu. Car si une perte des valeurs morales est possible, un affaissement des hommes est déjà présent. Dans La Volonté de puissance, Nietzsche réfléchit les conséquences de la de dieu qu'il annonce dans Le Gai savoir. [...]
[...] Peut-on affirmer que ne croire en rien est un progrès pour l'Homme ? Le tableau Les Ambassadeurs du peintre Holbein nous présente deux bourgeois entourés de richesses diverses amassées à la suite d'un voyage vers le Nouveau Monde. Une carte représente l'apport de la science qui a permis ce voyage, mais aussi l'ère nouvelle dans laquelle la société européenne est entrée, l'ère de la science et de la mort des croyances religieuses. Or, au premier plan, un crâne nous rappelle que toute cette fortune n'est que vanité, que l'homme est perdu lorsqu'il délaisse ses croyances. [...]
[...] Alors, plus croire » est considéré comme un progrès qui délivre les hommes de leurs superstitions aliénantes. II. La religion étant un attribut de l'homme, peut-il s'en passer ? D'autant plus, que si l'on pense que la croyance religieuse en une divinité ou dans des dogmes masque la vérité. La vérité justement est au cœur de la religion chrétienne. Il faut toujours dire la vérité même si l'esprit ne le désire pas, même si la mort la récompense. On le constate dans la prépondérance des confessionnaux où le fidèle est prié de se révéler. [...]
[...] Alors ne plus croire s'affirme comme un progrès. D'abord parce que la religion doit naturellement mourir pour laisser sa place aux lumières de la raison. Ensuite parce que les croyances sont au fond superstitieuses et aliénantes. Elles ne sont que la jeunesse de l'esprit qui doit grandir et s'en libérer. Enfin, Nietzsche montre que le Christianisme pose la vérité comme une absolue nécessité. Il conduit par lui-même à sa négation. Les croyances passent pour un poids qui empêche l'homme d'aller de l'avant à la façon des ombres projetées dans la caverne de Platon. [...]
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