Justice, force, faiblesse, injustice, impuissance
Le fait de l'injustice semble tourner en dérision les prétentions de la justice. En effet, cette dernière tarde à s'imposer. Idée qui ne parvient pas à se réaliser, elle se cantonne à la protestation impuissante et abstraite. La force au contraire s'impose sans état d'âme et paraît l'emporter toujours. La justice – le discours qui énonce ce qui est juste et, partant, ce qui ne l'est pas – ne serait-elle que le discours du scrupule et du remords ? Ne peut-on penser son action de façon plus positive ? L'idée de justice ne trouve-t-elle pas un début de réalisation dans l'institution du même nom ? La justice est-elle vraiment impuissante ? Possède-t-elle une force ? Peut-elle l'exercer tout en restant juste ? Que peut la justice contre la force ?
[...] La justice est juste en ceci qu'elle prend garde de ne pas se transformer en son contraire. Au fond, donc, la force de la justice est une force morale et non simplement physique. D'ailleurs, en tant que telle, la force est neutre et l'on n'est pas obligé de la comprendre comme brutalité irrationnelle. La véritable puissance n'est pas la force seule, mais la force qu'on sait comment utiliser. La vraie puissance est donc inséparable de la sagesse ou, au moins, de la réflexion. [...]
[...] La justice ne désigne pas la même chose sur ces plans. La justice naturelle s'oppose à la justice civile en ceci qu'elle est basée sur la reconnaissance de la force et donc de l'inégalité. Ainsi, s'il est injuste de commettre une injustice selon la loi, c'est le fait de subir qui est injuste selon la nature. Il est injuste d'être victime selon l'ordre naturel, c'est-à-dire d'être privé de quelque chose qu'on possédait ou empêché de déployer une des qualités qui sont les nôtres. [...]
[...] On l'a vu, la justice n'est pas impuissante face à la force. Cela ne signifie pas qu'elle y soit indifférente. La justice s'oppose à la force de plusieurs manières : en tentant de neutraliser ses effets (justice répressive), de penser un état de chose favorisant l'égalité (justice fondamentale, plus proche de l'idée) mais surtout en restant attentive à son propre usage de la force. La principale force de la justice et donc de se nier elle-même comme simple force. [...]
[...] Il y a donc des différences entre les citoyens. Il importe que ces différences soient justes, c'est-à-dire qu'elles profitent à l'ensemble de la société et surtout aux plus défavorisés. Il y a donc, selon Rawls, deux principes essentiels de la justice : l'égalité stricte doit régner au niveau des libertés de base et les différences doivent obéir au principe suivant : des inégalités socio-économiques ( ) sont justes si et seulement si elles produisent, en compensation, des avantages pour chacun et, en particulier, pour les membres les plus désavantagés de la société C'est ce qu'on appelle le principe de solidarité, qui s'oppose au principe de compétition prôné par Calliclès. [...]
[...] Que peut la justice contre la force ? Le fait de l'injustice semble tourner en dérision les prétentions de la justice. En effet, cette dernière tarde à s'imposer. Idée qui ne parvient pas à se réaliser, elle se cantonne à la protestation impuissante et abstraite. La force au contraire s'impose sans état d'âme et paraît l'emporter toujours. La justice le discours qui énonce ce qui est juste et, partant, ce qui ne l'est pas ne serait-elle que le discours du scrupule et du remords ? [...]
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