Expression de soi, parler avec autrui, acte du langage, éloignement de soi, expression de soi, Jean-Jacques Rousseau, authenticité, Nietzsche, gesticulation verbale, phénoménologie, banalité, silence
Le philosophe Georges Gusdorf, dans son ouvrage "La Parole", centre sa réflexion sur l'expérience nécessairement contradictoire de l'acte de langage qu'est la parole. Il constate une opposition entre l'engagement de soi-même, qu'est la prise de parole, et la puissance d'éloignement de soi produite par le langage dès que l'on parle à autrui : "Le langage intervient comme une puissance destinée à nous exproprier de nous-mêmes, pour nous aligner sur l'entourage, pour nous modeler à la commune mesure de tous." Pourquoi le langage amène-t-il à cette contradiction ?
[...] Néanmoins, comment exprimer ce que nous sommes puisque nous ne parlons en règle générale qu'en présence d'autrui ? Car parler à autrui n'est pas un simple transfert d'information. Au contraire, nous tenons toujours compte de son attente et du type de relation que nous avons avec lui. Les contraintes de la communication font que notre expression doit être audible par ceux à qui nous nous adressons. Est-il en effet possible de prendre la parole n'importe comment ? Tout acte de parole marque son respect pour des procédures d'interdit qui amènent à une codification des paroles échangées. [...]
[...] Si nous dialoguons avec autrui, c'est d'abord parce que nous refusons de lui prendre sa propre parole. Conclusion Il est vrai que l'on croit que s'exprimer a lieu unilatéralement de soi à autrui. Mais les mots sont banals et peuvent apparaître impropres à exprimer quoi que ce soit ; nous avons l'impression de rester incompris des autres. Or, l'analyse de l'expérience apparemment contradictoire du langage nous a amenés à comprendre Inverse : l'homme ne prend la parole que s'il entre dans une relation où l'autre lui donne la possibilité de s'exprimer. [...]
[...] C'est ce qu'on peut appeler la loi du destinataire . Quel que soit le désir que nous ayons de résister à cette pression du langage, nous sommes amenés à respecter la loi du bien dire interne à l'acte même de la parole. Le pouvoir des mots s'impose à toute parole Une telle définition de la prise de parole amène même à concevoir le langage comme un pouvoir social d'exclusion de tous les discours qui n'auraient pas de sens acceptable. Ainsi Foucault, dans l'Histoire de la folie à l'âge classique, révèle comment le XVIIe siècle a vu la naissance d'une partition des énoncés sensés et des énoncés insensés par la médicalisation de la folie. [...]
[...] Peut-on exprimer ce que l'on est quand on parle avec les autres ? Introduction Le philosophe Georges Gusdorf, dans son ouvrage La Parole, centre sa réflexion sur l'expérience nécessairement contradictoire de l'acte de langage qu'est la parole. Il constate une opposition entre l'engagement de soi-même, qu'est la prise de parole, et la puissance d'éloignement de soi produite par le langage dès que l'on parle à autrui : Le langage intervient comme une puissance destinée à nous exproprier de nous-mêmes, pour nous aligner sur l'entourage, pour nous modeler à la commune mesure de tous. Pourquoi le langage amène-t-il à cette contradiction ? [...]
[...] Mais alors pourquoi parlons-nous quand même ? L'idée développée précédemment suppose que nous continuons à parler quand bien même nous nous sentirions surveillés par le pouvoir d'autrui. Ce paradoxe amène à se demander si la prise de parole n'a pas une autre finalité. Le langage est une expérience contradictoire ; cela se révèle quand nous parlons pour ne rien dire , selon la formule consacrée pour désigner les banalités. II semble que nous soyons là aux antipodes de la solitude et de l'expressivité, et dans la pure communication. [...]
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