Peut-il exister une recherche désintéressée de la vérité ?
I – La vérité n'est pas compatible avec l'intérêt individuel
II – Il n'y a pas de vérité désintéressée
III) L'intérêt permet la production de la vérité
[...] « La science elle aussi se fonde sur une croyance, il n'est point de science "sans présupposition". ». Cette croyance, c'est la nécessité de la vérité, d'une vérité pure de toute volonté ; mais cette croyance ne peut faire l'économie d'une volonté elle-même, l'absolue volonté : celle de vérité. Le désir de volonté se ment à lui même et masque ses intérêts, qui sont l'objet d'une lutte Foucault, lecteur de Nietzsche, ajoutera dans la Leçon sur la vérité de savoir que cette volonté de vérité procède d'une « falsification première » qui contredit l'enjeu même de la vérité : « Si la connaissance se donne comme connaissance de la vérité, c'est qu'elle produit la vérité par le jeu d'une falsification première et toujours reconduite qui pose la distinction du vrai et du faux. [...]
[...] La vérité, présentée comme « une » et « objective », cache en réalité des intérêts de pouvoir, de domination. Il est donc nécessaire de ne plus simplement considérer la vérité comme détachée de tout intérêt, mais au contraire de mettre au jour ces intérêts, puis de les mettre au cœur de la recherche de la vérité elle-même : c'est lorsque nous déterminons des intérêts collectifs que nous pouvons mettre en œuvre les moyens d'atteindre cette vérité. Il ne s'agit plus de « trouver » la vérité, de se laisser porter par elle, mais d'en faire un usage guidé par la raison. [...]
[...] Mais ce n'est pas pour une fin utilitaire : c'est pour la poursuite de la connaissance. Le désir de l'utilité est incompatible avec la recherche de la vérité, car cette utilité est impossible à connaître : elle est contingente, dépendante des individus. Le désir de connaissance doit donc être réglé sur la connaissance elle-même : ce n'est que lorsque nous prenons la connaissance pour propre fin que nous pouvons l'établir. Il faut désirer la connaissance pour elle-même, c'est-à-dire la logique et la linguistique chez Aristote, pour pouvoir l'établir. [...]
[...] L'enjeu du travail sur la vérité est de distinguer par le discours la différence entre la réalité et ce qui prend l'apparence du réel ; la recherche de la vérité rejoint donc une certaine nécessité du réel qui ne dépend pas des intentions de l'homme pour la philosophie moderne, du sujet). Platon souligne que la vérité est donc un dire : la réalité peut être la même pour tous, il reste néanmoins la nécessité de l'établir. L'activité humaine est engagée pour rechercher la vérité. [...]
[...] Que ce soit Platon (les idées sont éternelles, immuables) ou Kant (la chose-en-soi), il ne s'agit pas de transformer le réel dans son essence, mais d'établir une relation conforme entre celui-ci et nos critères de jugement, pour définir ce vrai. La vérité est donc l'enjeu d'une recherche de celle-ci. Ce que nous questionnons, c'est donc cette recherche de la vérité. L'activité humaine n'existe pas en tant que tel, ou plus exactement, elle nécessite une volonté de l'homme de se porter vers un objet. Elle nécessite donc un moteur (ou des motifs). Quelle est la nature de ces motifs ? Pourquoi l'homme recherche-t-il la vérité ? [...]
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