Il s'agit d'une dissertation répondant à la problématique suivante : si on peut définir la justice à la fois par l'équité et l'égalité, comment la penser, puisque l'égalité semble inéquitable et l'équité inégalitaire ?
Pour répondre à cette problématique, nous verrons tout d'abord que la loi est fondée sur un principe d'égalité, qui reste le critère du juste, mais anticipe ce caractère inéquitable de l'égalité.
Puis nous verrons que l'égalité n'est pas forcément inéquitable si elle passe d'une égalité comme idéal à une égalité dans les faits.
Enfin, nous verrons que Rawls parvient tout de même à concilier ces deux principes en pensant une conception de la justice comme égalité des droits et équité qui passe par une forme de justice distributive.
[...] Selon une conception de l'égalité comme égalité géométrique, il semble juste de donner à chacun en fonction du nombre d'heures effectuées. Hobbes en arrive pourtant à la conclusion qu'il n'y a pas d'injustice puisque le maître avait promis aux hommes de leur donner un denier s'ils travaillaient pour la journée. Ainsi, selon Hobbes, la justice ne doit pas être pensée comme égalité ou comme équité mais la justice doit être pensée comme ce qui repose sur les conventions, c'est-à-dire sur les accords libres consentis entre les hommes. [...]
[...] Ainsi, il semble que nous puissions assimiler la justice mutuelle à une forme d'égalité, dont le risque est qu'elle soit inéquitable, et la justice distributive à une forme d'équité, dont le risque est qu'elle soit égalitaire. Alain pense que ces deux formes de justice sont nécessaires. Il pense que la justice mutuelle, que nous associons à une forme d'égalité, est un idéal, tandis que la justice distributive, associée à l'équité, n'est qu'un moyen et a pour but d'établir un ordre, une hiérarchie (Alain, Propos du 16 juillet 1912, coll. [...]
[...] Ainsi, on voit apparaitre le danger que la loi soit inéquitable. Pour vaincre ce caractère inéquitable de l'égalité, le juge est chargé d'appliquer la loi, d'en comprendre l'esprit pour ensuite l'appliquer à un cas particulier. La loi a donc un caractère général, mais il arrive qu'il y ait des cas particuliers qui ne soient pas anticipés par la loi. Aristote explique que le principe d'équité doit être un « corrélatif de la loi ». Ainsi, même si le pouvoir législatif, qui édicte les lois, ne se prononce pas sur les cas particuliers, il revient au pouvoir judiciaire d'apprécier chaque cas pour appliquer la loi. [...]
[...] Enfin, nous verrons que Rawls parvient tout de même à concilier ces deux principes en pensant une conception de la justice comme égalité des droits et équité qui passe par une forme de justice distributive. Dans le livre V de l'Ethique à Nicomaque (1129a-1130b, trad. J. Tricot, Éd. Vrin pp. 216-222.), Aristote anticipe ce problème de l'égalité inéquitable. Il pense qu'il revient au juge de veiller à ce que la loi reste équitable (Livre V trad. J. Tricot, Ed. Vrin pp. 267-268.) La loi, en tant qu'elle s'applique à tous de la même façon, semble s'appuyer sur ce principe d'égalité. La loi est valable pour tous et s'applique pour tous. [...]
[...] Ainsi, la justice réside dans la production concrète de cette égalité. Il y a une dimension morale et dynamique de la justice mutuelle. Alain met en avant une conception de la justice comme égalité et pense qu'elle peut éviter de devenir inéquitable si elle devient une égalité dans les faits. Selon Hobbes, la justice ne doit pas être définie comme égalité. Il reprend la distinction aristotélicienne entre justice distributive et justice corrective. (De Cive ou les fondements de la politique, chapitre III, § trad. du latin, coll. [...]
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