Communiquer la pensée, déformation de la pensée, échange de paroles, art, émotions, positivisme, langage, transmission du savoir, construction collective, syllogisme, pensée authentique, Sigmund Freud
"Peut-on" a plusieurs significations : est-ce logiquement possible, est-ce dans nos capacités, ou bien en a-t-on le droit ? Le verbe "communiquer" implique un échange de paroles, il s'agit de s'exprimer pour faire connaître à l'autre le contenu d'une idée. La communication comprend donc l'idée de transmission. À la différence du simple verbe dire, communiquer c'est viser l'autre pour obtenir sa compréhension. Il y a donc nécessairement un interlocuteur. Ce n'est pas non plus discuter puisque la communication n'implique pas forcément un retour sur ce que l'on dit, on ne cherche pas de validation ou une critique.
[...] Une simplification de la pensée Dans ce second moment, nous allons voir qu'il est impossible de communiquer une pensée sans la déformer. Tout d'abord, la pensée s'adresse à autrui quand elle est communiquée. On tient donc compte de cette présence de différentes manières : par exemple on adapte les mots choisis en fonction de notre interlocuteur pour qu'il comprenne, on évite les propos qui pourraient le blesser où heurter sa sensibilité (par exemple pas de grossièretés devant un enfant) et surtout on pratique constamment une forme d'autocensure en ne disant pas exactement ce que l'on pense pour respecter les règles de bienséance (par exemple ne pas dire à son supérieur hiérarchique qu'il a un tic de langage très agaçant). [...]
[...] Il y a comme la transmission d'une pensée dans toute son authenticité et sa complexité. On peut citer l'exemple des poèmes qui utilisent les mots de notre dictionnaire en faisant des phrases grammaticalement correctes, et pourtant les vers transmettent bien plus qu'une simple phrase affirmative puisqu'ils visent la beauté et les émotions. Là où le langage ordinaire communique une information, le langage poétique transmet une pensée intime et complexe. Pour conclure, nous avons vu que d'un côté il était indispensable de communiquer nos pensées et que celles-ci n'étaient pas déformées. [...]
[...] À ce titre la communication a surtout une valeur d'information. La pensée est l'activité intellectuelle le plus souvent propre aux hommes consistant à mettre des mots sur leurs perceptions, leurs émotions, leurs idées. La pensée est le plus souvent silencieuse, et pourtant même lorsqu'on ne la verbalise pas ce sont des mots que nous avons en tête. Mais il arrive aussi que nous pensions à travers des images, lorsque l'on se représente par exemple un souvenir où lorsque l'on imagine quelque chose que l'on n'a jamais vu. [...]
[...] Donc communiquer c'est déjà trahir la pensée authentique que j'avais pour moi-même. Ensuite, il y a des choses pour lesquels le langage n'est pas assez fort ni assez précis pour nous proposer des mots adéquats. C'est souvent dans le cas des émotions : celles-ci sont souvent complexes et mélangées de sorte qu'il est difficile de trouver un mot exact permettant de retranscrire exactement ce que l'on a à l'esprit. On peut prendre l'exemple du deuil : on peut bien dire que la perte d'un proche est difficile, triste, insupportable : ces mots sont souvent bien faibles par rapport à ce que l'on pense et à ce que l'on ressent. [...]
[...] Par exemple si on est mauvais dessinateur on déforme quelqu'un en faisant son portrait. Mais comment pourrait-on déformer une pensée puisque, précisément, une pensée n'a pas vraiment de forme précise ? Le présupposé de la question est que le langage n'est pas assez complet pour exprimer ce que nous avons à l'esprit. Nous en arrivons donc au paradoxe suivant : d'un côté on a l'impression que la pensée ne peut pas se passer du langage et que l'on pense forcément par les mots, mais d'un autre côté ces mots semblent insuffisants pour retranscrire nos pensées dans toute leur complexité et leurs nuances. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture