Autrui désigne d'abord "l'autre homme" : une conscience autre que ma conscience, un "moi" autre que moi. Néanmoins, cela ne suffit pas à caractériser autrui car s'il est autre que moi, il est en même temps mon "alter ego", mon semblable. Autrui est donc à la fois, le même et l'autre.
Mais si autrui est l'autre, cela signifie-t-il alors que l'on ne pourra jamais accéder à autrui ? Inversement si autrui est mon semblable, cela présuppose-t-il que je connais l'autre comme je me connais moi-même ? Pour Merleau Ponty, auteur de Phénoménologie de la perception, il est certain que l'on connaît l'autre dès lors qu'on le perçoit (...)
[...] Merleau Ponty se met alors dans la position de Sartre et développe sa thèse. La seconde phrase précise le sens du choix qui s'établit : choisir c'est affirmer le conflit, la distinction. L'auteur arrive ainsi à la conclusion qu' autrui me transforme en objet et me nie et réciproquement. En effet, dans la conception de Sartre, l'importance du regard qu'autrui porte sur moi, et qui me réduit à l'état d'objet constitue la sentiment de honte. J'éprouve de la honte uniquement lorsque je suis vu par autrui. [...]
[...] Autrui est non seulement un autre sujet, mais cette subjectivité qui nous lie immédiatement a aussi un sens. Le visage d'autrui me transmet sa fragilité, sa vulnérabilité , c'est à dire aussi ma responsabilité vis à vis de lui. Dans cet extrait, Merleau Ponty réfute l'idée d'un contact impensable à autrui. Il s'oppose également au fait que l'autre est incompris par le regard objectif porté sur lui. Pour l'auteur, c'est à nous de considérer l'autre en tant qu'alter ego. Nous devons entrer dans une dialectique de reconnaissance, où nous attendons quelque chose de l'autre. [...]
[...] En effet, le refus de communiquer est aussi un mode de communication explique l'auteur. Il suppose que si l'on refuse de communiquer, alors on a déjà conscience qu'une communication est possible. On a donc reconnu l'autre comme un alter ego, un autre soi. Par conséquent, la communication pour Merleau Ponty passe avant tout par la reconnaissance de l'autre, portée par un regard humain sur un autre regard humain, quand bien même il refuse de rentrer en communication réelle avec lui. [...]
[...] Autrui se sent alors matérialisé et incompris lorsqu'il est observé. Merleau Ponty justifie sa thèse par l'exemple de l'inconnu. Ainsi, notre conscience doit estimer le sujet comme un semblable afin qu'il nous apparaisse comme tel. L'opposition entre autrui et moi ne dépend que du regard et de l'attention accordés. Le noeud du problème soulevé par ce texte réside dans la possibilité d'une communication entre autrui et moi. Merleau Ponty soutient qu'un tel échange est envisageable si il n'est pas détourné par le regard objectif que l'on porte sur autrui. [...]
[...] Le texte de Merleau Ponty pose un problème quant à sa logique interne. En effet, celui ci semble à la fois dire que le regard prends la place d'une communication mais de l'autre, il semble que cette communication ne soit pas totale puisqu'elle ne transmet ni sensations ni pensées. Il ne tranche donc pas clairement la question de savoir si une réelle relation est possible avec autrui ou si elle est seulement illusoire et éphémère. Les deux arguments, qui semblent se complétés ont en fait quelque chose de contradictoire : Merleau Ponty affirme que le regard est une forme de communication mais qui en réalité s'annonce très sommaire. [...]
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