Le rapport quotidien que j'entretiens avec mon environnement semble aller de soi, et cela m'invite à considérer la perception que j'en ai comme spontanée. Je peux toutefois me trouver confronté à une perception différente de la même réalité, soit au cours d'une rencontre avec une personne d'une autre culture, soit en discutant simplement avec un proche de ce que chacun perçoit, dans un paysage, dans un spectacle ou dans une œuvre d'art. D'où viennent de tels écarts ? Sans doute pas de nos organes, mais de l'aspect intellectuel qui a sa part dans toute perception.
Faut-il donc admettre que la perception, dans ses capacités, dépend de l'éducation reçue, que celle-ci soit collective et inconsciente, ou qu'elle résulte d'une culture individuellement acquise ?
[...] La perception comporte une dimension intellectuelle qui interdit de la considérer comme innée ou formée une fois pour toutes. Le jugement qu'elle suscite est lié à des données culturelles, collectives aussi bien qu'individuelles, qui peuvent varier, et produire une véritable éducation de la perception. C'Est-ce qui autorise les changements dans notre relation à ce qui nous entoure, et nous apporte la possibilité de percevoir toujours autrement les choses et les êtres, en les enrichissant de sens multiples. L'homme ne peut vivre dans un univers dénué de signification, et sa perception entretient avec celle-ci des relations qui sont à la fois de réception et de production. [...]
[...] III- La perception peut être enrichie de diverses manières N'est-elle que fonctionnelle? Bergson reproche à la perception de nous livrer du réel une version nécessairement tronquée ou incomplète, parce qu'elle est liée à l'intérêt et à l'action. Nous percevons ce qui est nommable ou conceptualisable, mais aussi ce qui répond aux exigences de notre activité. Même s'il réserve aux artistes la capacité de ne pas être ainsi étroitement déterminés dans leur saisie du réel, on peut au moins faire valoir qu'il est aussi des moments ou notre relation à ce qui nous entoure n'est pas soumise à des exigences pratiques: contempler un paysage peut se faire sans que l'on envisage d'y cultiver quoi que ce soit, ou d'y tracer une autoroute. [...]
[...] Elle mélange la relation à un objet avec des données subjectives. La perception d'un même objet, un chien par exemple, peut donc déterminer des réactions variables selon les individus, en fonction de ce que l'animal évoque pour chacun (sécurité ou danger, pelage doux à caresser ou désagréable au toucher, etc.). Loin de nous livrer un monde immédiatement objectif, la perception fournit un univers singularisé, constitué de faits (je perçois ceci ou cela) et de valeurs (ce que je perçois a tel ou tel sens pour moi). [...]
[...] La perception peut-elle s'éduquer ? Le rapport quotidien que j'entretiens avec mon environnement semble aller de soi, et cela m'invite à considérer la perception que j'en ai comme spontanée. Je peux toutefois me trouver confronté à une perception différente de la même réalité, soit au cours d'une rencontre avec une personne d'une autre culture, soit en discutant simplement avec un proche de ce que chacun perçoit, dans un paysage, dans un spectacle ou dans une œuvre d'art. D'où viennent de tels écarts? [...]
[...] Mais l'absence de toute intention se ramène à une totale indifférence, c'est-à-dire à un repli sur soi qui ne perçoit plus rien. La perception peut s'éduquer par le savoir Cependant ma rêverie peut être d'autant plus riche, et m'apporter davantage de satisfaction, qu'elle est mieux informée en amont: la perception du paysage ne risque-t-elle pas d'être plus féconde si j'ai quelques connaissances en géologie, en agriculture, en botanique? Au lieu de percevoir de vagues courbes ou des champs indifférenciés, je deviens capable de distinguer ce qui résulte d'une histoire, de parcours humains, d'un travail. [...]
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