La perception est l'intermédiaire par lequel nous avons accès au monde qui nous entoure. C'est en effet grâce à nos sens que nous percevons le monde sensible et c'est grâce à eux que nous pouvons interagir avec l'extérieur. La perception relève donc d'une propriété naturelle du vivant qui lui permet de survivre dans son environnement. Il semblerait alors que la perception, comme propriété naturelle et suffisante pour répondre à nos besoins, n'ait pas besoin d'être orientée par des règles, il semblerait qu'elle puisse se contenter d'elle-même.
Pourtant, à la différence des animaux, eux aussi dotés d'organes sensibles, l'homme possède une raison qui ne peut se satisfaire de la perception d'animaux voués à la conservation de l'espèce. Dès lors, comment et à quelles fins l'éducation des sens dans leur rapport au monde est-elle possible et souhaitable ?
[...] L'éducation initiale est alors naturelle, intuitive et peut devenir un automatisme. C'est ainsi que nous pouvons remédier à une illusion d'optique par le toucher : un bâton à moitié immergé à la verticale nous donne l'impression d'être coupés, mais si nous nous servons de notre toucher, nous pouvons vite nous rendre compte de notre erreur et la rectifier. Mais si nos sens se sont trompés une fois pouvons-nous être certains que l'erreur a bien été corrigée ? De notre toucher ou de notre vue, lequel de ces deux sens nous donne accès à la vérité ? [...]
[...] Ainsi, dans la sphère pratique, la connaissance doit obéir à un principe d'utilité, principe pour lequel la perception est indispensable. Cependant, notre existence ne se limite pas à la seule sphère pratique. En effet, par notre raison, nous sommes conduits à nous interroger sur ce monde que nous percevons. Afin de satisfaire notre aspiration aux connaissances scientifiques, la raison qui n'était qu'un guide pratique dans le monde de l'action peut-elle véritablement éduquer, donner des règles à nos perceptions pour bâtir des connaissances scientifiques ? La perception est, en effet, une donnée problématique. [...]
[...] Là où la perception reste du domaine de la nature et se contente d'elle-même, c'est à la raison qui peut approcher le domaine de la culture et du savoir d'intervenir. C'est ainsi que pour les positivistes, l'observation donne accès à la connaissance et confirme ou contredit des hypothèses. Le rôle de la raison est alors de se servir des premières observations pour en déduire des lois établissant des rapports nécessaires sous l'apparente contingence. Ainsi, la raison problématise la perception afin de lui donner les moyens de vérifier par la suite les hypothèses issues de l'observation. [...]
[...] Celle-ci est alors subjective, car elle diffère selon les besoins des espèces, elle est finalisée et se distingue de sensations passives qui, elles, ne sont pas dirigées vers l'action. Ainsi, l'animal distingue naturellement les ressources de son environnement nécessaires à sa survie, est capable d'identifier ses prédateurs ou du moins de sentir leur dangereuse présence. Cependant, la perception reste du domaine de l'incertitude. Celle-ci est en effet parfois l'origine d'erreur, de confusions. Notre vision ne se méprend-elle pas face à des illusions d'optique ? [...]
[...] Ainsi, là où la perception est insatisfaisante, la raison peut donner un cadre, des règles et véritablement éduquer la perception. Si la perception doit être tenue pour suffisante dans la sphère du monde pratique face à l'échec de la raison à l'éduquer selon ses aspirations au vrai, elle doit cependant être véritablement guidée par la raison lorsqu'il s'agit de recherche scientifique. La perception peut ainsi s'éduquer dans l'action pour répondre aux seuls besoins de la sphère pratique, mais doit nécessairement obéir aux règles de la raison quand il s'agit de dépasser les connaissances actuelles, de dépasser les capacités de la perception. [...]
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