Le terme de perception est fortement polysémique, et la mise en garde de Kant selon laquelle « en philosophie, on ne doit pas imiter la mathématique en commençant par les définitions, à moins que ce ne soit à titre de simples essais », vaut particulièrement. L'ambiguïté du terme tient à son emploi dans la langue ordinaire, en psychologie, en philosophie, différents termes selon les philosophes, les langues et les époques, sans que ces différents termes soient précisément délimités.
L'étude de la perception détermine tous les grands problèmes de la philosophie : elle est le socle à partir duquel s'élabore une théorie de la connaissance et, au-delà, une métaphysique qui énonce les rapports de l'homme et du monde. La perception est à l'origine de la réflexion philosophique : « la philosophie est née des difficultés concernant la perception vulgaire ; c'est à partir de la perception vulgaire et en prenant ses distances vis-à-vis de cette perception qu'on a d'abord philosophé ».
[...] La perception n'est pas réception passive, elle est prédéterminée par certaines valeurs vitales. →Toute connaissance s'enracine dans la perception. La science se présente comme une reprise critique de l'expérience première Mais Merleau-Ponty rappelle ce fait inaugural que c'est la perception qui m'offre en premier un monde d'expériences illimitées. perception, premier obstacle épistémologique. Bachelard rappelle que la connaissance scientifique doit d'abord se construire contre l'illusion du savoir immédiat et que l'expérience première est le premier obstacle de la science. La science doit substituer des idées à des images. [...]
[...] Langue et perception langue commande la perception. Précédemment, Canguilhem rappelait que toute perception est construite, prédéterminée par des récepteurs. Humboldt, qui eut une grande postérité, met en évidence les liens étroits qui peuvent se tisser entre une langue et la perception du monde. →Travail de la langue et création perceptive. Ricœur analyse le pouvoir poétique de la métaphore qui consiste à voir le semblable dans le dissemblable. [...]
[...] Toute perception est conditionnée par une certaine réceptivité qui se fait oublier. Il n'existe pas d'œil innocent, rien n'est vu tout simplement à nu, et percevoir c'est interpréter. La perception naturelle nous ouvre au monde et nous fait vivre avec les choses et les autres, alors que la science éloigne les choses pour mieux les observer, s'en détourner pour mieux les comprendre et en saisir les propriétés générales. Le langage est l'artisan de l'unité du monde et des objets. La nomination des choses par le jeune enfant leur donne une existence symbolique. [...]
[...] La perception est à l'origine de la réflexion philosophique : la philosophie est née des difficultés concernant la perception vulgaire ; c'est à partir de la perception vulgaire et en prenant ses distances vis-à-vis de cette perception qu'on a d'abord philosophé Le privilège de la perception tient, dans un premier temps, au sentiment qu'elle nous procure d'être de plain-pied avec tout ce qui nous entoure sans effort théorique ou discutif. La perception ne peut manquer de soulever de multiples interrogations. Toute conscience est conscience perspective, même la conscience de nous-mêmes Pourtant, rien n'est plus difficile que de savoir au juste ce que nous voyons. La perspective se situe au point de rencontre du monde et du moi. Les données de nos sens sont-elles transparentes et constituent-elles une opaque et le monde toujours à une distance infranchissable de nos données perspectives ? [...]
[...] Merleau-Ponty fait valoir que le corps est le sujet de la perception et que toute perception extérieure est immédiatement synonyme d'une certaine perception de mon corps comme toute perception de mon corps s'explicite dans le langage de la perception extérieure Mais la perception n'est pas une connaissance du monde extérieur, et le corps ne peut renseigner sur les qualités réelles de ce qui l'entoure. Le corps est un centre d'action qui se projette dans le monde et y dégage des significations. Toute perception est toujours provisoire et inachevée par nature. [...]
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