Il semble presque impossible de circonscrire la violence tant les formes de manifestations en sont variées : allant du chantage en passant par des techniques plus raffinées d'exploitation des faiblesses des hommes, jusqu'à la simple agression physique ou la mise en œuvre de moyens parfaitement rationnels propres à amorcer la destruction de la nature ou d'un peuple. La brutalité, physique ou morale, l'agression, ne sont donc que des expressions possibles, ou même accessoires, de la violence. Celle-ci, contrairement à ce qu'on admet le plus souvent, n'a donc pas partie liée avec la force qui est le pouvoir effectif d'exercer une action sur quelque chose ou quelqu'un. Du point de vue des sciences physiques, la force est une donnée objective et quantifiable, dont on peut mesurer les effets. Quant à la force morale, elle est une puissance souveraine, un principe d'action qui implique la fermeté du vouloir et la maîtrise de soi. La violence peut apparaître au contraire comme l'expression d'une faiblesse secrète, ainsi qu'en témoigne par exemple l'expérience de la colère. Plus généralement, on peut déceler dans toute violence une intention suicidaire inconsciente qui la situe décidément aux antipodes de la force.
[...] La non- violence est certes une force morale, mais elle suppose que celui contre qui on l'exerce répugne à faire usage de ses armes contre un individu qui en est dépourvu. Gandhi a pu triompher de la puissance anglaise. Mais seule la guerre a pu venir à bout de la violence nazie. Bibliographie GUSDORF G La vertu de la force ; 1957, PUF ; FREUD S Abrégé de psychanalyse ; 1938 ; PUF ; Malaise dans la civilisation 1971 ; PUF ; HOBBES Léviathan ; 1971 ; Sirey ; BATAILLE G L'érotisme ; 1957 ; 10/18 NIETZSCHE F Le crépuscule des idoles ; 1983. [...]
[...] Ou si c'est la société elle-même, qui contre toute raison, érige la violence en loi ? N'est-ce pas la résistance, individuelle ou collective, qui devient dans cette hypothèse légitime ? La renonciation à la liberté est incompatible avec la nature d'homme, si l'on en croit Rousseau, aux yeux de qui la résistance à l'oppression est donc non seulement un droit, mais encore un devoir. Mais une telle idée, qui parait relever du simple bon sens, pose néanmoins des problèmes considérables. [...]
[...] Guerre et paix Si la force contient la violence à l'intérieur des états, c'est qu'elle est l'instrument d'un pouvoir souverain qui possède sinon la légitimité, du moins le pouvoir légal de contraindre. Mais il n'en est pas de même entre les états, parce qu'un tel pouvoir n'existe pas. C'est pourquoi, malgré le désir des nations de vivre dans la paix, c'est néanmoins l'état de nature, autrement dit la guerre possible ou réelle, qui régit les relations internationales. Non que la guerre prenne toujours la figure d'un conflit armé. Il est des paix qui ne sont que des absences de guerre, mais l'absence de guerre n'est pas la paix. [...]
[...] Hegel a montré que la violence n'exprime pas tant l'essence de l'homme que la nature de l'Esprit qui constitue pour lui-même le véritable obstacle hostile à surmonter. l'évolution historique, contrairement à celle de la nature, ne s'effectue jamais sans peine ni sans lutte, c'est-à-dire notamment sans négation exclusive de l'autre. Mais cette violence est à la fois constructive, elle engendre l'Histoire et indépassable, car la liberté ne se peut concevoir sans elle. Marx, qui reste fidèle à Hegel sur ce point, ne conçut pas l'histoire sans antagonismes, mais il renverse la théorie du devenir dialectique. [...]
[...] L'agressivité Foncièrement destructrice, la violence se distingue également de l'agressivité. Sans doute l'homme partage-t-il avec l'animal une tendance à déployer sa puissance qui peut impliquer la neutralisation de tout obstacle, y compris l'être humain. En ce sens, l'agressivité se confond avec la vie, et il serait illusoire de vouloir la justifier ou la condamner. Mais l'agressivité ne trouve pas nécessairement le chemin de la violence ; la loi le reconnait, qui ne sanctionne les intentions agressives qu'au moment où elles se traduisent en acte. [...]
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