La parole et la pensée sont deux concepts profondément liés -la parole étant communément considérée comme un moyen d'expression de la pensée- que l'on a tendance à distinguer de façon stricte, la pensée renvoyant à une activité interne et la parole renvoyant à une activité externe des êtres humains. Le verbe « penser » au-delà de la simple signification « avoir des pensées » est un terme dont le sens peut être nuancé ; « penser » signifie en premier lieu « appliquer son esprit à concevoir, à juger quelque chose, un sujet », c'est-à-dire raisonner, réfléchir, méditer… Il signifie aussi « évoquer par la mémoire, l'imagination », ou encore « avoir pour opinion, pour conviction ».
Le verbe « parler » quant à lui, au-delà du fait de s'exprimer en général, veut dire « communiquer par la parole », mais aussi « traiter un sujet », et encore « pouvoir s'exprimer au moyen de telle ou telle langue ». Le « parler » désigne lui une manière de parler, un ensemble de moyens d'expression particuliers à une région, à un milieu social.
Après avoir étudié précisément le sens de ces deux mots, on peut se demander si la distinction établie de façon claire entre parler et penser est correcte, après tout ne pense-t-on pas et ne parle-t-on pas avec les mêmes mots dans les deux cas? Est-il juste de dire que la parole est une simple expression de la pensée ? En effet, comment comprendre alors les expressions « penser tout haut » ? « Mes paroles ont dépassé mes pensées » ? « Il n'y a pas de mot pour exprimer mes pensées » ? « Ce n'est pas ce que je voulais dire » ?… Il apparaît dans toutes ces phrases que la pensée peut devenir parole, que la parole peut devancer la pensée, ou encore que la parole et la pensée ne se mélangent pas. Comment la parole peut-elle dans ce cas être la simple expression de la pensée ? Quand on prononce mal un mot, est-ce là l'expression d'une pensée ou une simple erreur technique du langage ? Quelle relation poser entre parler et penser ? Est-ce que le fait que l'on parle est inclus dans le fait que l'on pense, ou inversement? Est-ce que le fait que l'on parle produit le fait que l'on pense ? Est-ce le contraire ?
[...] Ainsi, un homme sage, intelligent utilisera les mots afin de penser, ils ne lui serviront qu'à affiner sa réflexion, il lira les propos des autres d'un œil critique, tandis qu'un homme sot prendra les mots qu'il apprend comme une vérité incontestable, ils lui serviront à s'approprier une réflexion, en lisant les propos de quelqu'un de reconnu, il adoptera aussi la pensée qu'ils expriment, même si cette pensée peut se révéler fausse par ailleurs. Hobbes montre ainsi comment les mots influencent notre pensée, que ce soit en la créant, ou en la stimulant. Comme nous venons de le voir, les mots, dont celui qui les exprime est reconnu, peuvent servir à introduire une pensée chez un homme qui n'a pas d'opinion particulière. [...]
[...] La pensée produit donc la parole. La parole n'existerait pas sans la pensée. D'ailleurs, la pensée peut être exprimée sans la parole, avec des signes par exemple. Parler repose donc sur penser, ce qui implique que la parole se fonde sur des idées, sur des pensées, elle en est l'expression. Les mots qui constituent le langage renvoient tous à une idée, ou à un sentiment comme on l'a vu précédemment. La parole n'est pas l'expression brute de la réalité, mais de l'idée que l'on s'en fait : désigner une chose grâce à l'idée que l'on s'en fait, grâce au fait que cette chose soit pensée, correspond donc à un certain découpage d'ordre conceptuel effectué par l'homme dans la réalité. [...]
[...] Écrire ses pensées permet donc de les fixer, et de les développer sans que la réflexion soit déviée vers d'autres sujets. La parole, en tant qu'écriture, est donc un moyen de maintenir ses pensées. En conclusion, quelle relation posée entre parler et penser ? Si en premier lieu la parole est le produit de la pensée, comme le démontre Descartes, il apparaît que la parole peut dans plusieurs cas avoir une grande influence sur la pensée, comme dans la rhétorique. [...]
[...] Finalement, les mots ne sont que des signes, c'est-à-dire littéralement les éléments perçus de quelque chose qui est absent De là peut-on expliquer le besoin d'exprimer sa pensée autrement qu'avec le simple sens conventionnel des mots, à travers la poésie. La poésie est en effet un art qui utilise les mots au-delà de leur sens commun : le poète prend les mots, joue sur leur sens, et fait ressentir à son lecteur ses propres sensations à l'aide des sonorités, du rythme, des images, et pas uniquement avec le sens strict des mots, qui n'est pas suffisant. Le poète donne un sens qui lui est propre aux mots dont il use. [...]
[...] Il apparaît dans toutes ces phrases que la pensée peut devenir parole, que la parole peut devancer la pensée, ou encore que la parole et la pensée ne se mélangent pas. Comment la parole peut elle dans ce cas être la simple expression de la pensée ? Quand on prononce mal un mot, est-ce là l'expression d'une pensée ou une simple erreur technique du langage ? Quelle relation poser entre parler et penser ? Est-ce que le fait que l'on parle est inclus dans le fait que l'on pense, ou inversement? Est-ce que le fait que l'on parle produit le fait que l'on pense ? [...]
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