La célèbre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 reconnaît dans un de ses plus fameux articles, le droit inaliénable de la liberté de penser pour l'individu [...] Si la pensée dans un premier temps est bien désignée comme une activité intérieure autonome, il nous semble clair que nul ne peut en droit l'empêcher mais n'y a-t-il pas en fait des limites à notre liberté ? Nos opinions, nos choix sont-ils toujours les nôtres ? (...)
[...] Peut-on dire que l'on est entièrement libre de penser ? La célèbre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 reconnaît dans un de ses plus fameux articles, le droit inaliénable de la liberté de penser pour l'individu. Elle accorde en cela au citoyen le principe simple de l'autoriser à penser ce qu'il veut et d'être libre, comme on dit, de ses opinions. De la dimension politique à son universalisation au domaine générale de la pensée, ce lien entre la pensée et la liberté ne va pas sans poser des difficultés : chacun se reconnaît-il le droit de penser à sa guise, de penser n'importe quoi ? [...]
[...] Cela tient à la nature même de la pensée. " Si considérable que soit donc le droit dont une souveraine puissance dispose en tous domaines, si fermement que lui soit reconnu son rôle d'interprète, et du droit humain et du culte le plus fervent, jamais cependant les sujets ne pourront être empêchés de porter des jugements de tout ordre, à leur gré, ni de ressentir tel ou tel sentiment à titre individuel. " En fait, si on veut analyser les choses un peu plus avant, on s'aperçoit que ce droit naturel de penser ce qu'on veut ne constitue néanmoins pas une liberté de penser n'importe quoi ni de penser ce qui nous plaît à notre fantaisie. [...]
[...] C'est là d'ailleurs une forme première de ce que l'on nomme un droit naturel de la pensée. Selon Spinoza " il ne peut se faire que l'âme d'un homme appartienne entièrement à un autre ; personne en effet ne peut transférer & un autre, ni être contraint d'abandonner son droit naturel ou sa faculté de faire de sa raison un libre usage et de juger de toutes choses. Il part d'une constatation de fait qui semble évidente : la pensée est du domaine de la conscience intérieure. [...]
[...] Mais cela ne signifie pas pour autant que je me reconnaisse moralement le droit d'avoir de telles pensées. Il nous arrive à tous de rejeter des pensées indignes de nous, en nous disant intérieurement "je n'ai pas le droit de penser cela". La tradition chrétienne considère que les intentions immorales, même si elles ne se transforment pas en action, sont déjà des péchés. Désirer le mal, c'est déjà être dans le mal. Mais l'athée aussi peut avoir des désirs qu'il rejettera comme indignes sous peine de perdre l'estime de soi. [...]
[...] Ai-je le droit de penser des énoncés que je sais pertinemment être faux ? Ce serait se mentir à soi- même, ce serait mauvaise foi. Je n'ai pas ce droit parce que la liberté n'est pas l'arbitraire. Il n'existe pas de liberté sans raison et il me faut donc, pour être libre de penser, suivre les lois de la raison. Admettre n'importe quoi, au hasard, ce n'est plus penser du tout. Penser, c'est toujours suivre ou instituer un ordre. Penser librement, c'est aussi penser juste. [...]
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