La définition qui est proposée doit, pour être valable, comporter des éléments permettant de saisir ce que l'homme ne peut pas ne pas être. Inversement, si nous aboutissons à des données purement contingentes et ne fournissant pas l'essence de la réalité envisagée, nous dirons que la définition n'est ni exacte ni valable. D'autre part, une définition doit être caractéristique, c'est-à-dire qu'elle doit convenir à tout le défini et au seul défini. Il va donc s'agir de bien déterminer la compréhension de notre concept d'homme, de manière à voir si la définition fournie est satisfaisante. Le concept qui doit être ici défini est celui d'homme, conçu comme sujet, porteur de transcendance et de valeurs. Un être signifiera, dans cet intitulé, une personne. Et cette personne, nous dit-on, s'invente des dieux. Il faut souligner le verbe inventer sur le pronom personnel réfléchi « se », qui a toute son importance dans la dynamique de notre définition. Il y a, dans le verbe inventer, l'idée que l'on découvre ou que l'on crée quelque chose de nouveau : inventer, c'est créer et imaginer, c'est réaliser quelque chose qui n'existait pas encore. Inventer consiste à donner l'être à ce qui ne possède pas cet être, à édifier et à produire, en étant la cause d'une réalité.
[...] Que penser de cette définition : L'homme est un être qui s'invente des dieux ? Sommaire Dissertation. Philosophie. Que penser de cette définition : L'homme est un être qui s'invente des dieux ? Analyse du sujet Plan L'homme est une réalité qui, vouée à l'impuissance, crée des entités surnaturelles auxquelles il rend un culte. Cette invention des dieux permet, entre autres, de paraître échapper à l'impuissance et de raffermir les sentiments collectifs Un pas de plus, et l'homme devra, à ce niveau, être envisagé comme un être qui se transcende vers de purs esprits. [...]
[...] La définition de l'homme dans cette perspective apparaît absurde et contradictoire. En effet, s'inventer est une opération subjective. Mais comment une opération subjective peut-elle être à l'origine d'un Dieu infini, irréductible au fini ? Il y a ici une aporie apparente qui paraît conduire à une contradiction. Le des dieux se transforme d'ailleurs ici, progressivement, en un Etre absolu, substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, principe d'intelligibilité et de vérité. L'idée d'une invention n'est-elle pas, dès lors, contradictoire ? Telle est bien la thèse de Descartes. [...]
[...] L'homme est-il bien un être qui crée, pour son usage, de pures pensées des dieux abstraits ? Ici sont concernés les dieux des savants et des philosophes dieux rationnels, impersonnels, beaucoup plus froids. A la religion du cœur, qui fait partie de l'essence de l'homme, succèdent des dieux abstraits et impersonnels. Surgit alors le problème posé dès l'introduction. Nous comprenons bien ce que signifie l'invention d'entités supranaturelles auxquelles on rend un culte. Mais comment l'homme pourrait-il être et se définir comme un être qui s'invente des absolus ? [...]
[...] Que penser de cette aporie apparente ? Quand les dieux prennent le visage nouveau d'un dieu envisagé comme réalité infinie et éternelle, peut- on encore dire que l'homme se définit comme un être qui s'invente des dieux et cette définition n'est-elle pas absurde et contradictoire, comme pourrait nous le faire penser l'argument célèbre de Descartes ? Nous noterons simplement ici qu'il y a dans l'être humain un mouvement pour aller toujours plus loin, une permanente activité de transcendance, une postulation vers l'infini, qui permettent, sans doute, de voir en lui un être qui s'invente aussi un Dieu infini et parfait. [...]
[...] Un pas de plus, et l'homme devra, à ce niveau, être envisagé comme un être qui se transcende vers de purs esprits. La réalité humaine produit ici, des substances purement spirituelles, des principes spirituels, beaucoup plus abstraits que ceux examinés dans la première partie. A un troisième niveau, les dieux sont envisagés comme ces absolus, ces infinis divers, que l'homme se crée et s'invente perpétuellement : dieux politiques, dieux historiques. C'est à cet ultime niveau que le devoir va prendre son vrai sens, le plus riche. [...]
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