On a tendance à considérer que nos sociétés modernes sont devenues « individualistes rationnelles », c'est-à-dire des sociétés où l'individu peut vivre et se représenter le monde sans référence à la communauté qui l'entoure : que ce soit du point de vue de la vie privée et des choix de mode de vie, de la vie spirituelle (la religion serait elle-même de plus en plus individualisée), ou du point de vue de la vie politique avec l'apparition d'un citoyenneté moderne individualiste. Si cette caractéristique tend à opposer nos sociétés à celles où l'existence n'a de sens que par la communauté à laquelle les hommes appartiennent : il semblerait évident que ce qui avait pour fonction de faire tenir ces sociétés, les récits sur l'origine, le sacré, les croyances et les mythes devraient être absents de nos sociétés. L'individualisme aurait du faire tomber les croyances et les mythes si leur fonction n'étaient que d'assurer un « sens » à la communauté dans son ensemble.
Pourtant, ces modes de pensées n'ont pas disparu des sociétés rationnelles « modernes », qu'ils existent sous formes de traces ou sous de nouvelles formes. On remarque en effet que les mythes et les croyances populaires sont toujours vivaces, par exemple, à travers le mythe du peuple, du sauveur, le mythe de la révolution et de la re-création des sociétés...ou même à travers le mythe de l'Etat.
Aussi, ce constat nous mènera dans cette analyse à plusieurs questionnements. Si les mythes existent encore dans nos sociétés : peut-on continuer à opposer la pensée sauvage considérée comme consubstantielle à la pensée mythique à la pensée moderne comme deux formes de pensées radicalement distinctes ?
[...] Elle leur permet formellement de perdurer et de donner du poids au discours politique. De plus, le mythe n'est pas de l'ordre du discours utopique, il est réfractaire à toute discussion ou négociation. Aussi le mythe est toujours le véhicule de conviction. Revenons alors à une opposition qui semble apparaître : dans le cas des mythes réactionnaires, ne pourrait-on pas considérer avec Mircea Eliade que ce recours au temps mythique originel, loin de ressourcer le politique laisse présager la volonté d'en finir avec la politique et sert à annoncer l'avènement d'une humanité qui reviendrait à un âge d'or ou à une fin des âges qui est alors apolitique ? [...]
[...] On remarque en effet que les mythes et les croyances populaires sont toujours vivaces, par exemple, à travers le mythe du peuple, du sauveur, le mythe de la révolution et de la re-création des sociétés . ou même à travers le mythe de l'Etat. Aussi, ce constat nous mènera dans cette analyse à plusieurs questionnements. Si les mythes existent encore dans nos sociétés : peut-on continuer à opposer la pensée sauvage considérée comme consubstantielle à la pensée mythique à la pensée moderne comme deux formes de pensées radicalement distinctes ? [...]
[...] Aussi la pensée sauvage serait un mode très proche de l'intuition sensible mais dont l'objectif ou l'ambition est aussi de mettre en ordre le chaos. Ici le mythe qui se retrouve dans la pensée sauvage n'est pas l'œuvre d'une fonction fabulatrice tournant le dos à la réalité mais reflète un mode d'observation et de réflexions adaptées à l'exploitation des données sensibles en terme de sensible ce que l'on peut appeler une science du concret La pensée mythique serait alors une forme de rationalisation du sensible mais qui utilise les données non pas comme concepts mais comme signes (des unités constitutives du mythe). [...]
[...] Nous postulons, ainsi, la complète intériorisation par les acteurs des schèmes propres au spectacle rituel; de ce point de vue, journalistes, hommes politiques et téléspectateurs ne se différencient pas. Jeu de couleurs pour représenter les partis et leurs relations ( les rouges, les verts mais aussi représentations d'animaux ( l'âne et l'éléphant aux Etats-Unis.) C. Lévi-Strauss, leçon inaugurale, Collège de France Janvier 1960. Incompréhensible n'est pas entendu comme un jugement de valeur mais comme la caractéristique d'une musique qui refuse les codes précédents comme la mélodie, le rythme binaire, ternaire, les harmonies : c'est-à-dire les clefs de compréhension qu'avaient intégrées le public de cet art. Mircea Eliade, p. [...]
[...] Pensée sauvage ou Pensée mythique RIEN NE RESSEMBLE PLUS A LA PENSÉE MYTHIQUE QUE L'IDÉOLOGIE POLITIQUE. DAND NOS SOCIETES COMTEMPORAINES, PEUT-ÊTRE CELLES- CI ONT-ELLES SEULEMENT REMPLACE CELLES-LA. Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, ( p. 231). On a tendance à considérer que nos sociétés modernes sont devenues individualistes rationnelles c'est-à-dire des sociétés où l'individu peut vivre et se représenter le monde sans référence à la communauté qui l'entoure : que ce soit du point de vue de la vie privée et des choix de mode de vie, de la vie spirituelle (la religion serait elle-même de plus en plus individualisée), ou du point de vue de la vie politique avec l'apparition d'une citoyenneté moderne individualiste. [...]
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