Dissertation de Philosophie niveau Lycée sur la pensée et la culture. Ma pensée est-elle un reflet de notre culture ?
[...] Sans doute, la culture collective est-elle dès lors responsable des représentations qui s'offrent à notre conscience. Mais elle n'est plus responsable de nos jugements. Juger en effet, c'est donner son assentiment ou le refuser à une idée présentée à notre esprit. Si toute idée est systématiquement confrontée à l'idée opposée, le jugement d'approbation ou de refus ne dépend plus de la collectivité qui propose cette idée mais bien de l'exercice par l'individu de son doute méthodique. Il en va ainsi de l'idée de Dieu chez Descartes. [...]
[...] Apprendre l'histoire et la géographie, c'est se confronter à des façons de vivre variables selon lieux et les époques. En cela la culture générale, intégrée à la mémoire, devient une source de méditation et offre à la réflexion critique matière à exercer son jugement. Apprendre les sciences de la nature, enfin, c'est découvrir la complexité des choses mêmes et en faire l'objet d'une contemplation délivrée des terreurs de la superstition. C'est seulement au terme de l'acquisition de ces diverses formes de savoir que la philosophie enseignera à exercer son jugement en les comparant et en les critiquant. [...]
[...] On peut donc dire à ce titre que ma pensée, pour autant qu'elle est une pensée rationnelle, autonome, échappant à des conditionnements socioculturels est redevable de l'existence de structures de civilisation qui en sont la condition de possibilité. En ce sens, ma pensée n'est pas un reflet de notre culture, mais elle est une lumière émanant d'une flamme alimentée par la culture collective lorsque celle-ci nous en laisse le loisir, honore la connaissance désintéressée et respecte la liberté de conscience et d'expression. [...]
[...] La liberté d'expression est en effet non seulement ce qui favorise l'expression des idées philosophiques mais une condition de possibilité d'épanouissement d'un débat fécond entre opinions contradictoires, débat nécessaire à la maturation de la réflexion. La seconde condition est qu'il existe un climat favorable à l'épanouissement de la haute culture. Par haute culture» entendons la cultura animi» telle que l'entendit Cicéron, traducteur et introducteur de la philosophie grecque dans le monde latin. Le terme cultura» primitivement vient de colere qui signifie cultiver le sol». La notion de culture de l'esprit est donc initialement une métaphore qui compare l'esprit à une terre qu'il s'agit d'entretenir de façon à la rendre fertile et prospère. [...]
[...] Mais on aurait tort de voir là une attitude purement destructrice à l'égard des cultures. La philosophie, au terme de son activité critique, produit à son tour des représentations qui remodèlent la culture collective en façonnant une haute culture résultant de la recherche de l'universel au- delà des particularismes de nations ou de classes. En ce sens on peut dire que la philosophie est tout d'abord le moteur de l'évolution de chaque culture particulière vers des valeurs universelles mais qu'elle finit par devenir une composante de la civilisation universelle en s'opposant aux besoins aux cultures collectives particulières lorsque celles-ci font du refus de l'esprit critique, de la haute culture ou du noble loisir un élément constitutif de leur identité. [...]
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