« Progrès » et « pensée » sont des termes aujourd'hui couramment utilisés, et ce pour désigner des réalités multiples. Quand on parle de progrès, c'est essentiellement au progrès technique que l'on fait référence. Cependant, la notion de progrès renvoie à bien d'autres définitions. Il peut être la conquête du savoir ou de la conscience ainsi que l'ascension graduelle vers un terme idéal. Il en va de même de la pensée, souvent réduite à la seule intelligence. Dans notre étude, nous la considérerons comme étant « l'ensemble des processus par lesquels l'homme élabore des concepts, les relie entre eux et acquiert de nouvelles connaissances, au contact de la réalité matérielle et sociale » (ROBERT). Parvenir à démêler les relations qui lient ces deux notions, du progrès et de la pensée, est donc d'autant plus difficile que chacune d'elles admet différents sens. On admet communément que le progrès est le fait de la pensée. Toutefois, la réciproque est-elle concevable ? En d'autres termes, la pensée du progrès est-elle un progrès de la pensée ? Pour répondre à cette question, nous analyserons tout d'abord le progrès technique, pensée pragmatique pour l'essentiel. En second lieu, nous nous interrogerons sur la pertinence même du concept de progrès: n'est-il pas une simple illusion ? Enfin, nous nous pencherons sur la possible correspondance entre pensée du progrès et progrès de la pensée, correspondance articulée autour de la connaissance et de la conscience.
[...] En effet, parvenir à conceptualiser l'Idéal revient à offrir une perspective à la pensée dans son ensemble, et subséquemment à ses applications pratiques. Dans ce cas, la pensée du progrès devient un moteur de la pensée elle-même. En somme, dresser un lien définitif entre pensée du progrès et progrès de la pensée semble hasardeux. Tout dépend de fait de la définition donnée à chaque terme, chacun admettant comme il a été vu un grand nombre de sens et de nuances. [...]
[...] Or peser le progrès, et à travers lui les actes que nous posons, revient à progresser dans l'entendement. C'est par sa faculté de penser, de juger, de prévoir ou de critiquer que l'homme parvient à distinguer Bien et Mal, Bon et Mauvais, Juste et Injuste Il atteint ce faisant un certain niveau de conscience, laquelle peut-être considérée comme un progrès de la pensée. Contrairement à l'animal qui reste toujours égal à lui-même, guidé par ses instincts et les cycles biologiques qui le régissent, l'homme est capable d'agir, puis de mesurer et juger ses actes (pensée du progrès), cherchant à les corriger et parfaire en même temps qu'il tend à améliorer les intentions qui en sont à l'origine (progrès de la pensée). [...]
[...] En d'autres termes, la pensée du progrès est-elle un progrès de la pensée ? Pour répondre à cette question, nous analyserons tout d'abord le progrès technique, pensée pragmatique pour l'essentiel. En second lieu, nous nous interrogerons sur la pertinence même du concept de progrès : n'est-il pas une simple illusion ? Enfin, nous nous pencherons sur la possible correspondance entre pensée du progrès et progrès de la pensée, correspondance articulée autour de la connaissance et de la conscience. L'acception technique est la plus couramment retenue du progrès. [...]
[...] Le progrès technique, par son pragmatisme et son manque d'universalité, semble le moins apte à induire un progrès de la pensée. D'autant plus que le progrès lui-même est sujet à débat et connaît, de toute évidence, un certain nombre de limites. L'histoire pourrait infirmer un possible progrès moral, tandis que l'expérience présente un progrès plus aléatoire que linéaire. Enfin, le progrès suppose une interaction perpétuelle entre pensée du progrès et progrès de la pensée, interaction qui n'est hélas pas toujours au rendez-vous. [...]
[...] Si le progrès technique est tangible, il n'en est pas de même du progrès au sens large. Nous chercherons donc dans cette deuxième partie à définir les limites du progrès, au-delà desquelles pensées du progrès et progrès de la pensée perdent tout consistance. Tout d'abord et comme l'exprime V. Jankélévitch dans un Entretien paru en juin 1978 dans le quotidien Le Monde : Tout ce qui est quantifiable, scalaire est susceptible d'amélioration. Mais un perfectionnement des intentions morales a-t-elle un sens ? [...]
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