Nous échangeons tous naturellement avec autrui. Pour cela, nous utilisons les mots d'une langue et notre capacité de langage. En effet, la distinction saussurienne, du nom du premier linguiste au XXème Siècle, différencie le langage, cette faculté en partie naturelle de l'homme à parler, et la langue, c'est-à-dire le code qui permet aux individus d'une même communauté de se comprendre entre eux. Pour cause, les mots ont bien pour fonction la médiation entre les individus parlants. Ils répondent donc au besoin essentiel du sujet de communiquer comme en témoigne les réactions de Robinson Crusoé dans le livre de Michel Tournier, Vendredi et l'homme du Pacifique. Mieux, outre de permettre de nous comprendre, ils nous permettent d'affirmer notre identité, notre personnalité, nos opinions. Bref, d'exister. On ne peut vivre sans eux. Utilisés en permanence, ils ont une certaine importance, nous engagent même parfois pour notre vie entière. Il est donc intéressant de nous interroger sur la manière dont se construit notre pensée linguistique et ses déterminants. Réfléchissons-nous aux mots pour exprimer nos idées ou notre vocabulaire bâti ces dernières ? En d'autres termes, la réflexion précède-t-elle obligatoirement la réflexion ?
Nous développerons dans un premier temps l'idée que nos mots « matérialisent » notre pensée avant d'objecter qu'il n'y a pas de pensée sans mots. Enfin, nous analyserons le rapport entre réflexion linguistique et vérité dans une dernière partie.
Nous acquérons notre savoir linguistique, nos mots, notre vocabulaire, par l'éducation, la culture savante pour mieux nous humaniser, civiliser, et donc nous sortir de l'animalité. Notre expression n'est donc pas régie sur le mode de l'instinct. Nous n'exprimons pas tout ce que nous pensons dans notre conscience intérieure à voix haute spontanément. Mieux, l'expression ne résulte pas d'un processus psychologique, automatisé, inconscient tel que la digestion ou la respiration. Il faut donc bien passer par la pensée, l'assemblage de mots précis qui forment les phrases pour extérioriser nos idées. D'autant plus qu'il s'agit là d'un processus complexe (...)
[...] En conclusion, on peut dire que la pensée n'est pas nécessairement, obligatoirement, antérieure, aux mots qui la disent. Certes, il faut réfléchir pour avoir quelque chose à dire, il s'agit là de la réflexion quant à l'idée que l'on veut traduire. Mais il n'y a pas de pensée sans mots. On pense donc à l'idée que l'on veut faire passer en passant en revue les mots qui correspondent, avant d'établir notre réflexion. Mais ce n'est pas pour cela que nous disons toujours la vérité à l'instar des politiques et communicants qui réfléchissent, eux, aux mots qu'ils choisissent pour mieux esquiver la réalité. [...]
[...] On peut donc s'interroger légitimement sur le lien entre réflexion et vérité. On ne dit pas toujours tout ce que l'on pense, c'est certain. Et si des individus sont montrés du doigt pour leur démagogie ou populisme, il s'agit bien des politiques. Aidés par les stratèges communicants, érigés au statut de pygmalion, ils ne disent pas leurs pensées mais communiquent. C'est-à-dire que leurs mots et discours sont longuement, soigneusement, préparés à l'avance, pesés et appris par cœur. Pour pouvoir durer, c'est-à- dire rester au pouvoir, leur unique rôle d'après Machiavel, ils utilisent la rhétorique sophistique du Vème Siècle avant J-C. [...]
[...] Les mots que l'individu a intériorisés lui permettent donc de construire sa pensée, sa réflexion : de sélectionner ceux qui traduisent au mieux ses sentiments, son message. En effet, il existera toujours un décalage entre l'idée intellectualisée et le mot qui se rapproche au mieux de son sens. Surtout que si nous nous accordons sur des définitions implicites, larges, des mots, ces derniers peuvent avoir des significations différentes une fois passées par le prisme de nos expériences, ou des contextes. C'est pourquoi, outre que les mots viennent avant la pensée, ils la structurent. [...]
[...] En d'autres termes, la réflexion précède-t-elle obligatoirement la réflexion ? Nous développerons dans un premier temps l'idée que nos mots matérialisent notre pensée avant d'objecter qu'il n'y a pas de pensée sans mots. Enfin, nous analyserons le rapport entre réflexion linguistique et vérité dans une dernière partie. Nous acquérons notre savoir linguistique, nos mots, notre vocabulaire, par l'éducation, la culture savante pour mieux nous humaniser, civiliser, et donc nous sortir de l'animalité. Notre expression n'est donc pas régie sur le mode de l'instinct. [...]
[...] La pensée est-elle nécessairement antérieure aux mots qui la disent ? Nous échangeons tous naturellement avec autrui. Pour cela, nous utilisons les mots d'une langue et notre capacité de langage. En effet, la distinction saussurienne, du nom du premier linguiste au XXème Siècle, différencie le langage, cette faculté en partie naturelle de l'homme à parler, et la langue, c'est-à-dire le code qui permet aux individus d'une même communauté de se comprendre entre eux. Pour cause, les mots ont bien pour fonction la médiation entre les individus parlants. [...]
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