Penser le politique c'est rejouer dans le collectif l'ordre passionnel et son déterminisme naturel. Faut-il pour autant abandonner l'espoir d'un usage de la raison ? Comment faire bon usage de la raison afin de comprendre les passions et leur permettre d'agir positivement sur l'ordre politique ?
[...] »(Traité politique chapitre 1 paragraphe 7). » Faut-il pour autant considérer que cette élucidation du rapport d'adéquation des passions humaines au droit naturel devrait nous exempter de l'usage de notre raison ? Ce serait bien évidemment une erreur. Cette position consisterait en effet à céder aux affections passives et à leur corolaire: La tristesse individuelle et la réduction de notre puissance collective d'agir. Il s'agit ici de parvenir à dépasser le paradoxe spinoziste que suppose la détermination du politique au travers de la nécessité passionnelle, sans pour autant abandonner l'usage de notre rationalité. [...]
[...] Comme l'écrit Spinoza au paragraphe 6 du Traité politique : « la nature humaine n'est pas constituée de la sorte que les hommes suivent les prescriptions de la raison. » L'effort que constitue leur existence suppose qu'ils aillent au- delà de cette rationalité, afin d'avérer leur puissance à exister dans l'expression de leurs appétits. Le droit naturel doit donc être repensé en ces termes, comme expression du désir de l'homme et non comme simple réalisation de son intérêt à survivre. [...]
[...] Ceux-ci se trouvaient contraints d'aboutir à une forme contractuelle du droit, afin d'éviter les errances de la loi naturelle. La volonté divine n'était jamais très loin de cette parousie de la raison et son corolaire : l'érection de la loi. Ce mouvement pouvait être conduit par la rationalité du seul intérêt propre, comme chez Hobbes, ou bien par la nécessité dans laquelle se trouvent les hommes de joindre leurs forces afin de survivre collectivement comme chez Suarez ou Grotius. En tous les cas, l'ordre politique supposait l'abandon réfléchi de la liberté sans limite des individus, guidés par leurs passions, au nom de l'établissement d'un droit naturel, lequel semblait se résumer à la simple satisfaction de ne pas mourir, tué par les mains de ses ennemis. [...]
[...] Le droit naturel, tel que le pense Spinoza, exprime le destin des passions communes des hommes. Il suppose donc une définition de la souveraineté différente de celle que proposaient les penseurs du droit naturel. Pour Spinoza, toute souveraineté doit être pensée au sein du processus de confrontation et d'accord des passions individuelles. Confrontation, car la puissance d'affirmation passionnelle suppose la volonté de domination et la recherche de satisfaction qui en découle. Accord car la passivité des affects, dans la rencontre de leur limite, suppose une mimétique, une propagation des passions dans le corps social et leur partage. [...]
[...] Le conatus c'est l'effort à se conserver, lequel s'incarne dans les appétits propre à la nature humaine. Cependant les affections passives, non encore mises en adéquation avec notre raison s'inscrivent dans l'expression de la substance qu'est le conatus. Il n'existe donc pas de différence entre les désirs qui proviennent de la raison et ceux qui sont engendrés en nous par les affects passifs. L'homme fait effort pour persévérer dans son être au travers de toutes les manifestations rationnelles et passionnelles de façon individuelle ou collective. [...]
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