La passion, cause de bien des tourments mais aussi de joies indicibles nous limite à la fois dans l'espace et dans le temps ; dans l'espace, car elle réduit notre champ de conscience et le cercle de nos intérêts ainsi que dans le temps, puisque le passionné est prisonnier de l'instant présent ou du passé ; c'est une incapacité à se penser avec vérité dans le futur. L'amoureux coupable, le joueur, l'ivrogne qui sont dépossédés d'eux-mêmes et perdent les repères équilibrants ainsi qu'une projection lucide dans l'avenir. La force d'un caprice momentané qui masque dangereusement les autres besoins. Nous nous trouvons dans une situation de dépendance, dans ces moments d'intense émotion, plongés dans une possession, un égoïsme foncier qui marque cet état de trouble. On peut parler, lorsqu'elle est subi, de passion passive qui s'oppose à la raison et nous pousse à l'erreur dans un flot de désirs incontrôlés. Cette domination des sens qui s'oppose à l'action, s'écarte de la clairvoyance, plus de liberté, voire, une prison intérieure, des désirs violents ; mauvaise conseillère lorsqu'elle est passive, elle a pour résultat la violence, la haine, parfois la jalousie rarement justifiée (...)
[...] Nous ne pouvons nous en passer ; elle surgit sans crier gare et cette force vitale active et non subit est un principe d'action qui pousse à gagner, à aimer et à conquérir. Ce n'est pas une force aveugle lorsqu'elle est la source des émotions et de la création. A cet instant, on peut penser que la passion est la vie ainsi que la sagesse ; que la raison permet de poser un regard plus lucide sans tomber dans des erreurs fatales. A présent, allons faire un tour du côté de la vraie vie, d'exemples révélateurs et émotionnels. [...]
[...] Cependant, l'élève de Platon, Aristote se trompe quand il dit que la passion est l'état de celui qui subit et n'agit pas. Nous verrons que la passion active, aussi forte et intense, existe mais est d'une toute autre nature puisqu'elle réagit, pour une part importante, au sein de la création. Pour reprendre la passion passive, cette emprise, voyons quelques exemples significatifs vécus ou retransmis par les médias : - Le supporter pris dans un tourbillon de cris, la haine de l'équipe adverse, les débordements de violence, la casse et l'agression. [...]
[...] Nous savons qu'elle peut être tyrannique et exclusive. Il est à considérer que les vraies causes de la passion sont en nous-mêmes et non réellement dans les objets qui paraissent les solliciter ; un transfert, une compensation, une sublimation. En ce sens spécifiquement philosophique, le stoïcien Epictète déclare que la passion c'est vouloir une chose qui ne peut arriver (le stoïcisme est une absence de trouble, une ataraxie ou paix de l'esprit). Comme en toute chose et en tout être, les contradictions sont omniprésentes. [...]
[...] Savoir faire le deuil ou considérer les petites morts de nos vies (relation, travail, logement, déracinement géographique, enfants qui quittent le foyer etc . le bris des habitudes. Si nous envisageons les premiers modèles, dans la petite enfance, nos parents sont tout pour nous, nous dépendons d'eux et si nous reportons sur un partenaire cette demande d'amour fusionnel, ce serait logiquement, qu'à l'adolescence, les phases de détachement ont été perturbées. Mais ce brouillage a tout aussi bien pu se tisser au fil des ans, dans des situations familiales particulières : par exemple, des parents anxiogènes ou surprotecteurs, pas assez présents ou trop. [...]
[...] Les troubles de la passion. La passion, cause de bien des tourments mais aussi de joies indicibles nous limite à la fois dans l'espace et dans le temps ; dans l'espace, car elle réduit notre champ de conscience et le cercle de nos intérêts ainsi que dans le temps, puisque le passionné est prisonnier de l'instant présent ou du passé ; c'est une incapacité à se penser avec vérité dans la futur. L'amoureux coupable, le joueur, l'ivrogne qui sont dépossédés d'eux-mêmes et perdent les repères équilibrants ainsi qu'une projection lucide dans l'avenir. [...]
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