Il est traditionnel de définir la philosophie par l'exercice d'une activité rationnelle : cette instance sur la présence, dans l'homme, de la raison, et sur la nécessité, pour ce même homme, de la suivre, a entraîné chez de nombreux philosophes une condamnation de la passion. Cette dernière paraît en effet incompatible avec la rationalité. Pire parfois : elle semble capable de dévoyer la raison elle-même, en la pervertissant à son profit.
Faut-il déduire que toute passion est, par nature, déraisonnable, ou peut-on au contraire envisager des modes de conciliation possibles entre les exigences de la raison et le comportement passionnel ?
[...] Tout d'abord parce que, pour une pensée dialectique, l'opposition classique apparaît stérile et doit être dépassée Mais aussi parce que la raison que considère Hegel se déploie dans l'Histoire globale elle-même, et non plus seulement dans l'homme. Ce qui a pour conséquence de conférer un caractère rationnel même à des comportements dont les mobiles initiaux sont rigoureusement passionnels. La ruse de la raison consiste en effet en ceci que des agents historiques (les grands hommes), croyant agi en fonction de buts égoïstes qui flattent leurs passions, travaillent en fait, mais sans le savoir, à la réalisation des projets de la raison dans l'histoire. [...]
[...] Toute passion est-elle déraisonnable ? Il est traditionnel de définir la philosophie par l'exercice d'une activité rationnel : cette instance sur la présence, dans l'homme, de la raison, et sur la nécessité, pour ce même homme, de la suivre, a entraîné chez de nombreux philosophes une condamnation de la passion. Cette dernière paraît en effet incompatible avec la rationalité. Pire parfois : elle semble capable de dévoyer la raison elle-même, en la pervertissant à son profit. Faut-il déduire que toute passion est, par nature, déraisonnable, ou peut- on au contraire envisager des modes de conciliation possibles entre les exigences de la raison et le comportement passionnel ? [...]
[...] Étrangement, celle-ci se trouve alors intégrée dans une sorte de projet de vie ; peut-être demeure-t-elle, involontaire, mais c'est très volontairement qu'on l'attend. L'opposition entre la passion et la raison implique une hiérarchie qui peut être modifiée, et qui, historiquement, apparaît comme variable en fonction de ce qu'un sujet attend de sa propre existence et de son inscription dans le monde. On ne peut en conséquence affirmer,ou contester que la passion serait par essence déraisonnable : même si une essence de la passion est repérable, sa situation par rapport à la raison dépend de normes qui n'ont rien de transhistorique. [...]
[...] Ce qui entraîne une incapacité à juger sainement, trouble qui est peut-être le plus grave du point de vue de l'homme qui entend, en face, demeurer raisonnable. Bien entendu, de tels reproches supposent que l'on considère la raison comme seule capable de diriger correctement l'homme, c'est-à-dire comme bonne par nature. Dès que l'on considère (c'est par exemple ce que fait Rousseau) que la raison elle-même peut ne pas être fiable dans la mesure où elle a été historiquement mise au service d'intérêts particuliers, on se doit de trouver dans la passion une façon d'être qui présente au contraire l'avantage de l'authenticité. [...]
[...] Car le passionné a la réputation de pouvoir adopter les comportements les plus outranciers pour satisfaire son obsession. Ce n'est pas lui qui pourra être, comme on le recommande vainement à Alceste, sage avec sobriété», car l'idée même de sobriété lui répugne ; il sera donc sage de façon excessive, ce qui est évidemment contradictoire. II) L'opposition passion-raison Si la passion semble plus précisément déraisonnable, c'est parce qu'elle détermine chez le sujet qui en est victime »une conduite paraissant ne plus correspondre aux critères de la conduite menée par et avec la raison. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture