[...] Pourquoi les hommes s'intéressent-ils au passé ? L'homme n'est pas un animal comme les autres. Seul l'homme a une histoire car il est le seul être qui, à côté de son héritage biologique, peut ajouter un héritage culturel qui s'enrichira, se modifiera au cours du temps et de génération en génération. L'homme ne se contente pas de subir une évolution liée à sa constitution physique, il influence cette évolution même par ses choix de vie, ses modes de consommation, l'organisation sociale qu'il crée et modifie au cours des siècles. L'homme est à l'origine des règles, des institutions qui organisent sa vie, et chaque homme est à la fois le résultat et le créateur de ce qu'on appellera le passé, qu'il s'agisse du passé individuel ou du passé collectif.
Ainsi, si, à première vue, on pourrait penser que la somme de nos actions, notre histoire personnelle, suffisent à nous définir comme individu, nous nous rendons compte que nous sommes tributaires d'un grand nombre d'événements antérieurs à notre naissance sans lesquels nous ne serions plus exactement nous. Par exemple, nous n'avons choisi ni notre nom de famille ni la langue que nous parlons. Ces événements antérieurs appartiennent à un passé étendu sur plusieurs générations, qui semble même inclure, outre l'histoire de notre famille, celle du groupe social, du peuple, de la religion, de la nation ou même de l'ensemble de la civilisation dans laquelle nous sommes nés.
Nous demander d'enterrer le passé équivaudrait donc à nous priver de nos origines, de notre identité, de ce qui nous rattache aux membres de notre famille ou de notre communauté, lien dont nous faisons, au contraire, l'expérience lors de grandes réunions familiales autour d'un événement jugé important, comme, par exemple, l'anniversaire de mariage de nos grands-parents, ou lors des cérémonies commémoratives rappelant les grands moments de l'histoire comme celles célébrant le 11 novembre 1918 ou le 8 mai 1945 (...)
[...] Trop se tourner vers le passé risque de provoquer des comportements passionnels qui peuvent être d'un grand danger pour la paix et le bonheur individuel. Les juifs furent désignés comme une race inférieure par un Hitler, Roméo et Juliette ne se réuniront que dans la mort. Si l'histoire est un réservoir sans fond d'exemples en tout genre, chacun puise en elle les justifications contradictoires de ses emportements présents. Nous pouvons toujours haïr un peuple et trouver, dans le passé, une guerre odieuse qui nous aurait opposé à ce peuple. Or, les mêmes faits ne se reproduisent pas. [...]
[...] Ainsi, une certaine forme d'oubli est nécessaire si l'on ne veut pas handicaper l'action présente et si l'on ne veut pas entraver l'avenir mais peut-on vraiment faire table rase ? Faut-il, pour autant, tout oublier ? 3ème partie : Il est vrai que se souvenir du passé construit les individus et les peuples et que ceux qui oublieraient totalement se verraient dépossédés de leurs valeurs et de leurs racines. Il est vrai que, d'autre part, l'oubli est au service du présent. Comment alors maintenir ces deux exigences ? [...]
[...] Il s'agit, peut-être de penser l'oubli autrement, d'enterrer le passé mais un peu de la même manière qu'on enterre une personne. Enterrer quelqu'un, c'est, certes, le faire disparaître sous terre par souci d'hygiène mais aussi par respect pour ce qui reste de ceux que l'on a apprécié (ou pas de leur vivant. Cet acte doit être suivi d'un travail de deuil : accepter que l'autre n'est plus, qu'il ne peut plus nous accompagner, nous aider, nous conseiller ou, nous maltraiter, nous faire souffrir. [...]
[...] Conclusion : Ainsi, il n'est pas nécessaire d'enfouir le passé, de l'oublier complètement. Un tel oubli mettrait en péril notre identité personnelle et l'identité du peuple qui tenterait d'effacer le passé. Il faut enterrer le passé comme si on enterrait un proche, une fois le travail de deuil accompli. C'est un oubli qui passe par un examen lucide du passé et par notre responsabilisation face aux événements qui ont été vécus par ceux qui nous ont précédés. Pas de fausse nostalgie ou de honte exagérée. [...]
[...] N'y a-t-il pas des risques à se tourner trop vers le passé ? Pourrions-nous aller jusqu'à faire table rase du passé ? 1ère partie : Pourquoi les hommes s'intéressent-ils au passé ? L'homme n'est pas un animal comme les autres. Seul l'homme a une histoire car il est le seul être qui, à côté de son héritage biologique, peut ajouter un héritage culturel qui s'enrichira, se modifiera au cours du temps et de génération en génération. L'homme ne se contente pas de subir une évolution liée à sa constitution physique, il influence cette évolution même par ses choix de vie, ses modes de consommation, l'organisation sociale qu'il crée et modifie au cours des siècles. [...]
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